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5. Un examen critique de la mise en œuvre du développement durable 5.1. Les multiples interprétations possibles (rappel) Trois définitions du DD (Développement Durable) ont été données dans la première partie de ce texte, parues dans le N° 172 du 16 novembre 2008. La dernière, basée sur les trois piliers de l’économique, du social et de l’environnemental, est la plus pragmatique mais aussi la plus sujette à de multiples interprétations. Ainsi, le pilier économique laisse perplexe puisqu’il vise des objectifs de croissance et d’efficacités économiques. N’y a-t-il pas une contradiction avec la notion même de durabilité ? N’y a-t-il pas dans la recherche de changer de système la volonté de ne surtout rien bouger de ce qui fait les problèmes ? Certains n’hésitent même pas à parler de croissance durable, ce qui est un oxymore, voire de croissance verte. On aura tout vu ! 5.2. Les
différentes mises en œuvre La semaine du développement durable s’est tenue du 1er au 7 avril 2009 sur le thème de la consommation durable. Elle a peut-être permis de mieux prendre connaissance du concept de "DD" à travers une série de manifestations de sensibilisation, telles que des expositions, des festivals, des animations, des rencontres. Le MEEDDAT (Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire) a lancé à cette occasion un Appel à projets à l’attention des différentes parties prenantes de notre société avec le slogan : " Passez au durable, ça marche !" et proposé quelques pictogrammes qui permettent de visualiser les domaines ciblés. Nous avons ainsi été incités à "isoler nos maisons, économiser l’eau, utiliser des lampes basse consommation, réduire nos déchets, acheter des fruits et légumes de saison fournis par une agriculture de proximité, nous déplacer en vélo". Plus de 3.000 manifestations ont été retenues. De nombreuses opportunités, souvent de bon sens, se sont ainsi offertes à chacun d'entre nous en vue de réduire notre "empreinte écologique". Les particuliers émettent en effet par leurs activités, environ la moitié du gaz carbonique expédié dans l'atmosphère. Une étude de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) menée en 2007 sur 150 produits de consommation courante démontre aussi qu'il est possible de réduire nos déchets de moitié et… d'économiser environ 50 € par personne et par mois (http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/developpement-durable-1/d/suivez-la-semaine-du-developpement-durable-2009-avec-futura-sciences_18749/). 5.2.2. La population durable ? -Il est utile de rappeler que la pression démographique mondiale peut paraître colossale, propre à nous faire tourner la tête et à mettre en péril les équilibres biologiques, d’autant plus qu’il nous faut également prendre conscience que la population mondiale augmente de 2,3 habitants à chaque seconde (200.000 habitants par jour) et qu’il faut la saisir à cette échelle de temps-là. Ainsi, le samedi 28 mars 2009, "à 4 h 31 min et 35 s" (à la seconde près), nous étions 6.769.838.543 personnes sur Terre, soit près de 6,8 Milliards d’habitants. (http://www.populationmondiale.com/). - La pression démographique de la France pourrait-elle être colossale ? Nous pourrions penser que NON. Nous ne sommes en effet "que 63.937.000 d’habitants" soit un peu moins de 1% de la population mondiale (http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/france_entiere/) et nous pourrions en déduire que nous "pesons peu", en terme environnemental, continuant à vivre tranquillement sans rien changer à nos habitudes. Ce serait trop facile ! Nous "pesons très lourd" en fait, comme le calcule Jean-Marc JANCOVICI (http://www.manicore.com/), car nous sommes très voraces en énergie. La consommation moderne d’énergie de chaque français représente, en moyenne, la situation étant bien sûr très hétérogène d’un individu à l’autre, les plus démunis de tout n’ayant que leur seule personne à exercer une modeste pression tandis que d’autres très riches disposent de milliers d’esclaves et exercent une pression considérable, l’équivalent de plus de 100 esclaves par personne. Cela signifie tout simplement que nous consommons globalement "comme" 6.393.700.000 habitants, soit comme près de 6,4 Milliards d’habitants, l’équivalent de la population entière des êtres humains sur la terre. C’est vraiment inouï! Cette pression, qualifiée de "pression de confort", par Bertrand MEHEUST, nous l’exerçons quotidiennement sur la planète, en France, en Europe et aux Etats Unis, directement par nos actions propres et indirectement par les activités d’ensemble. Elle est beaucoup trop élevée, insupportable, et doit être drastiquement réduite faute de quoi nous ne pourrons que disparaître. 5.2.3. La santé durable ? ¤ Ne serions-nous pas déjà en train de disparaître, d’ailleurs ? Dans le cadre de la Semaine contre le cancer du 16 au 22 mars, le titre du Dauphiné Libéré du 17 mars a de quoi nous inquiéter :
Ce titre effrayant, issu des statistiques de l’Office régional de la santé, aurait dû soulever une formidable indignation de la part de la journaliste et un questionnement approfondi sur les CAUSES de cette fulgurante progression. Eh bien ! NON ! Cette situation très grave n’entraîne que quelques lignes sur des causes mille fois évoquées et une petite ligne sur "des causes extérieures comme la pollution." L’article porte l’accent sur les moyens de combattre le cancer et non sur ses causes. Il est destiné à la promotion et la mise sur le marché de nouveaux moyens technologiques puissants. Il est "L’occasion d’annoncer l’arrivée prochaine, au centre hospitalier de Valence, d’un PETscan, matériel de pointe spécialement dédié à des bilans d’extension et de surveillance de certains types de cancer." ¤ Roland Gori et Marie-José del Vogo s’interrogent sur une médecine qui transforme le patient en consommateur, sans souci authentique pour sa souffrance physique et psychique, dans leur livre paru en janvier 2005, "La santé totalitaire. Essai sur la médicalisation de l’existence :
Les auteurs
écrivent que l'exploration du corps humain, le diagnostic précoce des
maladies, l'acharnement à les combattre par des traitements douloureux
et invasifs, exproprient le patient de son corps, " pour son bien ". Ils
se demandent comment restituer au patient sa valeur de SUJET, et
ses droits, pour éviter de le transformer en marchandise au profit des
industries de santé et comment aussi concilier les exigences de la
médecine scientifique et de sa nécessaire vocation " thérapeutique ". 5.2.4. L’agriculture durable ?
Une agriculture qui n’a pas pour but de nourrir, d’entretenir, de soigner ses sols, Milieux VIVANTS, est une agriculture NON durable. C’est comme cela que se comporte l’agriculture conventionnelle. Notre plaine reste hélas sous la domination d’une agriculture non durable. La perte de VIE des sols qui en résulte a des conséquences multiples, l’érosion de ces sols d’abord, c-à-d leur disparition, par leur entraînement hors des champs, mais aussi la pollution des eaux souterraines et superficielles par les nitrates et les pesticides, si flagrante et si généralisée. Là comme ailleurs, personne bien sûr ne cherche à définir les CAUSES véritables de ces désastres. Là comme ailleurs, on recherche des REMEDES technologiques illusoires et on édicte des Codes de bonnes pratiques. Personne ne peut se prévaloir d’avoir trouvé une solution technologique contre l’érosion des sols et la pollution diffuse des eaux car il ne peut pas y avoir de tels remèdes à ces désordres-là. Ce ne sont ni les épandeurs, ni les pulvérisateurs, ni les arroseurs, aussi hyper sophistiqués et réglés soient-ils, ni les semences hybrides, ni les semences génétiquement modifiées, qui sont la solution. Ils sont le problème. Ils ne font que perpétuer un SYSTEME structurellement polluant. Nous en sommes "réduits" à mettre en œuvre des Programmes d’action qui se limitent à organiser une gestion de pratiques. Le 4ème Programme d’action, qui va bientôt être mis en œuvre dans le cadre de la Directive NITRATES, est actuellement soumis à une consultation du public du 1er avril 2009 au 4 mai 2009 inclus dans 113 communes drômoises dont 26 situées dans les Canton de MONTELIMAR et de MARSANNE, dans lesquelles figure ST GERVAIS-SUR-ROUBION. Il faut aller déposer nos remarques (http://www.drome.pref.gouv.fr/sections/zoom/consultation_du_publ5525/view). Plus grave encore s’il était possible, les méthodes de l’agriculture industrielle mises en œuvre par les agri-managers, ont des conséquences sur les aliments consommés dans lesquels subsistent des résidus d’engrais et de pesticides, auxquels s’ajoutent tous les additifs de l’industrie agro-alimentaire. Après avoir vu le film "Nos enfants nous accuseront", nous ne pouvons plus oublier que l’une des causes majeures des cancers réside dans une alimentation agro-industrielle. Il y a au moins une agriculture quoi soit durable dans notre pays, c’est l’agriculture biologique, plus que "durable" même car plus ambitieuse, pratiquée par des arboriculteurs, des maraîchers, des éleveurs, des viticulteurs. Une grande partie de ces pionniers livrent dans des magasins comme les Bio-coops ou se regroupent et ouvrent eux-mêmes des magasins de proximité, comme "au plus pré" à LA LAUPIE. Là est l’espoir d’une alimentation de qualité et de santé. Par nos engagements, personnels et collectifs, nous pouvons avoir une influence effective et inverser la tendance mortifère. 5.2.5. Le jardin durable Nous-mêmes, comme eux, les professionnels de l’AB, comme Nature et Progrès aussi, une Association de consommateurs et de professionnels unis dans un même mouvement pour une agriculture biologique authentique, prônant "le zéro pesticides", bannissant l’usage de toute substance chimique de synthèse (engrais, insecticides, herbicides, fongicides), nuisible à notre environnement et à notre santé, nous-mêmes, faisons un jardin biologique. Pour cela, aidons-nous d’un guide pertinent, Le guide du jardin bio, qui vient de sortir en librairie. Si nous n'en n'avions qu'un dans "notre cabane de jardin", ce serait celui-là ! Nous y trouverons les techniques de base du jardinage bio et toutes ses innovations [bois raméal fragmenté (BRF), produits éliciteurs (organismes auxiliaires en protection des cultures), adaptations face au changement climatique]. Tout y est ! Et bien sûr, une belle place est offerte au potager et au verger.
6. Une mise en application très ambiguë du développement durable Nous remarquons combien les diverses "Institutions" nationales, régionales ou locales, tentent actuellement de faire prendre conscience du Développement Durable à la majorité des français. Cependant ! Nous ne pouvons qu’adhérer au constat formulé récemment par la rédaction du site Evene.fr (http://www.evene.fr/celebre/actualite/semaine-developpement-durable-2009-1913.php) sur toutes ces Opérations : "Une prise de conscience aujourd'hui critiquée pour son manque de virulence, voire pour son effet pervers quand la formule "développement durable" prend des airs d'incantation magique et fait office de cache-misère pour des méthodes utilitaristes d'industries bien difficiles à convaincre du bien-fondé de la démarche." La rédaction poursuit : "Et pourtant, la création artistique, notamment la plus populaire d'entre toutes, le cinéma, n'a pas attendu le XXIe siècle pour s'interroger sur l'ambiguïté d'un homme occupé à exploiter les richesses de la nature … et il semble embrasser pour de bon toute la complexité d'un problème aussi grave que la destruction de la planète et se faire un guide de choix pour repenser notre impact dans le monde d'aujourd'hui." Justement ! Le film "Nous resterons sur terre" de O. Bourgeois et P. Barougier sort cette semaine dans les salles. Plutôt que des gesticulations, il s’agit bien de changer des SYSTEMES, si nous voulons survivre. A tous les niveaux, individuel, social, territorial, national et mondial, nos modes de vie détruisent les conditions même de notre vie. Ils doivent être révisés. Allons-y avec courage et détermination. Léon-Etienne CREMILLE, le 15 Avril 2009
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