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1. Un avant-propos pour
mettre les crises en perspective
4.
Une analyse critique des composantes du développement durable 4.1.1. Définitions et Principaux aspects Qu’est-ce que le DEVELOPPEMENT ? Les définitions que propose le dictionnaire sont intéressantes. Elles nous éclairent sur les racines d’un mot souvent entendu ou lu mais souvent aussi utilisé à tort et à travers :
Le
développement,
tel qu’il apparaît dans ses différentes définitions, est une donc notion
noble qui correspond aux aspirations légitimes et profondes des êtres
humains, à tout ce qui peut les faire vibrer, à ce qui peut les entraîner
vers de nouveaux comportements d’épanouissement personnel, de solidarité
entre eux et avec tous les êtres vivants, d’harmonie avec la nature. C’est
une notion qui s’adresse aussi à toute personne morale, association,
établissement, société, créés par les hommes. Plusieurs aspects de notre vie peuvent donc faire référence à cette notion, telles que :
- le développement personnel, 4.1.2. Premiers Aspects ¤ Le développement consiste d’abord en une redécouverte de soi par un accès à des processus de changements, en vue de l’amélioration du bien-être, de l’épanouissement des potentialités humaines et afin de mieux vivre dans les différents domaines de l’existence. ¤ Le développement est aussi un processus de changement social en vue d’améliorer le bien-être de la population entière en convergence avec le développement économique et la protection de l’environnement. Le développement social territorial est un processus participatif de "travail social" qui se construit avec le plus grand nombre des acteurs d’un même territoire. ¤ Le développement s’applique aussi à l’économie qui est l’art de bien administrer une maison et par extension une commune, un pays, en vue bien sûr de la réalisation d’un projet. Le développement économique fait référence à l’ensemble des mutations positives, démographiques, techniques, sociales, sanitaires, culturelles, … que peut connaître une zone géographique donnée. Un élu local écrit ainsi que "L'économie, c'est l'ensemble des activités d'une collectivité humaine qui concerne la production et sa finalité est de créer de la richesse pour assurer la base de l'action sociale et I'équilibre de la société". 4.1.3. Premières Confusions Des confusions sont vite apparues entre deux notions très différentes, celle de développement économique et celle de croissance économique, et elles entachent hélas tout le processus vers le Développement Durable. L’économiste Herman Daly, cité par Duncan M. Taylor dans son livre "ETAT DE CHOC La société canadienne et l’environnement", énonce : "Une économie en pleine croissance est une économie qui prend du volume ; une économie qui se développe est une économie qui s’améliore. Par conséquent, une économie peut se développer sans croissance ou croître sans se développer". On ne saurait donc mélanger les deux notions sans conséquences très graves. La croissance économique est en fait une notion très réductrice. Elle ne désigne qu’un processus d’accroissement de la seule production économique. Elle correspond, dans une économie et pour une période donnée, à l’augmentation de production de biens ou de services. Elle ne concerne donc que des éléments matériels mesurables et elle est effectivement mesurée par un indicateur, le Produit Intérieur Brut, le PIB. Par définition, le PIB est une valeur comptable issue du compte de résultat (produits et coûts) [et non du bilan (actif - passif)] et le fameux taux de croissance dont on nous rabat sans cesse les oreilles est le taux de variation du PIB. Ce qu’il faut comprendre pour apprécier les discours ambiants, c’est que le PIB ne peut pas être associé au bien-être et que l’accroissement du PIB n’implique pas nécessairement une élévation du niveau de vie. Le PIB ne fait pas la distinction entre les avantages et les coûts. Pour citer un exemple simple et caricatural mais tellement fréquent, un automobiliste qui avance "au pas" au milieu du trafic routier et augmente par là même sa consommation d’essence participe à l’accroissement du PIB. Certains vont s’exclamer : "Bravo pour la croissance !" mais la plupart savent que ce n’est avantageux ni pour lui ni pour la collectivité. Au-delà de la caricature, il nous faut aller plus loin dans l’analyse et pénétrer au cœur du problème du PIB. Il faut bien constater que, dans le contexte de notre époque, tout ce que nous entreprenons ne se fait qu’avec l’utilisation de machines à moteur, que ce soit nos déplacements avec la mobylette et la voiture, le camion et l’avion, que ce soit des travaux saisonniers avec le ramassage des feuilles mortes en automne et la taille du gazon au printemps, et que ce soit tout le reste. En outre, tous les matériels que nous achetons nécessitent des extractions de matières premières dans des mines réparties dans le monde entier ainsi que des processus de fabrication, toutes activités qui sont gourmandes en énergie. Au bout du compte, le PIB n’exprimerait-il pas la somme de toutes les énergies dépensées ? Gandhi déclarait que : "La moitié de la planète a été nécessaire pour la prospérité des puissances occidentales". "Combien faudrait-il de planètes pour assurer le même type de prospérité matérielle à l’Inde" s’interrogeait-il ? Et à fortiori combien de planètes faudrait-il pour assurer le même niveau de vie matérielle que celui des Etats-Unis d’Amérique à tous les Etats du monde ? Plusieurs, de cinq à sept, selon les experts ! Ne les ayant pas, ça chauffe pour la seule planète disponible, la Terre. Et le PIB que nous serinent tous les jours des économistes ignorants des Lois de la Nature pourrait bien être un indicateur du dérèglement climatique. Sur le problème des consommations d’énergies, le site de Jean-Marc JANCOVICI est remarquable, très bien documenté et agréable à consulter [http://www.manicore.com/]. Cet auteur a eu une idée géniale et saugrenue qui ne manque pas de piquant au moment où la Guadeloupe occupe le devant de la scène et nous rappelle le rôle de l’esclavage dans l’enrichissement de la métropole. Il convertit nos consommations d’énergies en "équivalent - esclaves" et il conclut, après une analyse très scientifique des rendements des machines et des hommes, que notre consommation moderne d’énergie met à disposition de chaque français l’équivalent de plus de 100 esclaves. Réfléchissons-y ! 4.1.4. Début de synthèse La Région Rhône-Alpes a mis en exergue des 5ème Assises Nationales du Développement Durable qui se sont tenues à LYON les 19, 20 et 21 janvier 2009 cette phrase de Robert Kennedy : "Le PIB mesure à peu près tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue". Le texte récent de neuf intellectuels antillais : "Manifeste pour les « produits » de haute nécessité", illustre les aspirations de tout être humain. En voici un extrait :
4.2. La notion d’environnement Les situations de crises que nous vivons actuellement résultent entre autres des hypothèses de travail avancées par les économistes selon lesquelles il peut exister un cycle continu de production et de consommation capable de prendre indéfiniment de l’expansion sans qu’il y ait à tenir compte de la dimension environnementale. Le réchauffement planétaire, la pollution généralisée des eaux, le déclin des populations de poissons, pour ne prendre que quelques cas, prouvent largement le caractère absurde et dramatique du SYSTEME dans lequel nous ont plongé les économistes et dans lequel pour nombre d’entre eux ils souhaiteraient encore nous laisser. Ces économistes sont-ils si imbus d’eux-mêmes et isolés dans leur bulle qu’ils ignoreraient les lois élémentaires de la NATURE ? L’espèce humaine s’est hélas toujours comportée jusqu’à présent d’une façon dominatrice et prédatrice face aux autres espèces et aux cycles écologiques. Pire ! Elle souhaite continuer sur cette lancée malgré les sévères avertissements des crises en cours. Elle devra bien comprendre qu’elle n’est pas seule sur la Terre et que sa survie même dépend du bon fonctionnement des écosystèmes. Il nous serait temps de regarder la réalité en face et d’en tirer les conséquences. Un très joli documentaire intitulé « Espèces d’espèces » a été diffusé sur France 5 le 9 février 2009. Il devrait nous ramener à une attitude d’humilité, qualité dont on doit se rappeler qu’elle nous ramène à l’humus, à la terre, nous qui voulions tant nous en éloigner et vivre dans des univers artificiels. Ce document montre l’immense foisonnement de la Vie avec ses millions d’espèces de toutes formes, de toutes dimensions, de toutes anciennetés, qui ont pu être classées sur un « Arbre de la Vie » bien particulier qui apparaît sous la forme d’une grosse boule du centre de laquelle surgissent trois troncs, trois branches maîtresses, celle des eucaryotes dont homo sapiens fait partie à l’extrémité d’une minuscule brindille, celle des bactéries et celle des archées.
L’Arbre de Vie à trois
branches-maîtresses
La
durabilité est le caractère de ce qui dure, de ce qui est de nature à durer
longtemps. C’est l’adjectif de ce mot qui a été retenu pour qualifier le
"développement durable". Il a été préféré au mot anglais de "sustainable"
qui se traduit en français par soutenable et dont la signification est "qui
peut être soutenu pour des raisons plausibles, qui est défendable". Il y a
une nuance importante entre les deux mots, qui mérite d’être soulignée et
pourrait peut-être expliquer les nombreuses dérives du concept. 5.1. Les multiples interprétations possibles Trois définitions du DD ont été données dans la première partie de ce texte, parues dans le N° 172 du 16 novembre 2008. La dernière, basée sur trois piliers, économique, social et environnemental, est la plus pragmatique mais aussi la plus sujette à de multiples interprétations. Ainsi, le pilier économique laisse perplexe puisqu’il vise des objectifs de croissance et d’efficacités économiques. N’y a-t-il pas une contradiction avec la notion même de durabilité ? N’y a-t-il pas dans la recherche de changer de système la volonté de ne surtout rien bouger de ce qui fait les problèmes ? Certains n’hésitent même pas à parler de croissance durable, ce qui est un oxymore, voire de croissance verte. On aura tout vu ! Le développement durable à la centrale de CRUAS (Drôme) Léon-Etienne CREMILLE, le 25 février 2009 (suite)
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