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LES CRISES DU MONDE VIVANT

EXTINCTIONS SUCCESSIVES DES ESPECES SUR LA TERRE

1. La Terre n’est pas en danger, c’est l’homme qui l’est .

1.1. Tel est le titre d’une interview donnée par le géologue Patrick De Wever dans le N° 953 de mars 2008 de la revue des enseignants TDC (Textes et Documents pour le Classe). Le géologue le dit crûment : "La biodiversité actuelle n’est qu’un instantané d’une histoire vieille de 4 milliards d’années, une  histoire amenée à se poursuivre encore, quelles que soient les difficultés futures. Certaines espèces vont disparaître, dont l’homme, et d’autres vont probablement apparaître par la suite. Ce sera une bénédiction pour les nouveaux." Et il prévient : "Prenons garde de ne pas déranger la Terre. Quand la Terre-mère sommeille, nous pouvons jouer tranquillement, mais si nous la réveillons, sa colère peut être radicale." La problématique de notre condition humaine est clairement posée.

La Terre : Sa jeunesse turbulente et ses multiples vies mettent en effervescence les laboratoires de recherche. Comment expliquer, en effet, ce passage de l'état primitif à celui d'une planète capable d'accueillir tant de biodiversité ? Secouée moult fois par des événements violents qui ont laissé à sa surface des témoins remarquables, comme l'Himalaya, et marqué l'évolution des espèces, la Terre reste un livre à découvrir. Mais les scientifiques savent de mieux en mieux faire parler les échantillons de matière, précieux témoins de ces temps cyclopéens

      TEXTE ET DOCUMENTS POUR LA CLASSE

    La Terre, sa vie, son œuvre

      TDC n° 953 1er avril 2008

 

 

 

 

 

 

 

 

Né dans le Cambrésis le 5 juin 1949. Géologue français. Chercheur au CNRS pendant près de 20 ans, désormais directeur du laboratoire de géologie et professeur au Muséum national d’histoire naturelle, passionné par les relations entre la géosphère et la biosphère, en charge de l’Inventaire National du patrimoine géologique.

  1.2. Notre délicate situation actuelle ne tient pas à la manifestation d’un phénomène cosmique ou géologique qui viendrait détruire les conditions de notre vie sur terre. Non ! L’originalité de la situation tient dans le fait que l’espère humaine réunit désormais toutes les conditions de sa propre destruction. L’humanité manifeste en effet une si forte emprise sur la planète, a une telle capacité d’action, d’exploration et d’exploitation des ressources, d’abord minérales et maintenant biologiques, qu’elle est devenue une "force géologique" majeure à tel point que des scientifiques ont défini une nouvelle époque géologique, l’anthropocène (du grec anthropos, être humain, et kainos, récent) . Prix Nobel de Chimie en 1995, Paul Crutzen fait démarrer cette époque au début de la révolution industrielle, à la fin du XVIIIème siècle, plus précisément en 1784, date du brevet de la machine à vapeur par James Watt. Depuis moins de 230 ans, sur une période qui est extrêmement courte, l’homme agit contre la nature avec une force considérable dont l’efficacité redouble sans cesse. L’espèce humaine semble ne disposer ni de l’intelligence ni même de l’instinct nécessaire pour assurer sa propre survie !

  1.3. Une technostructure a émergé et gouverne désormais le monde. Sous la pression de puissances financières arrogantes, les peuples sont contraints d’une façon addictive, inextinguible, mortelle, à un développement économique marchand et matérialiste incessant, au grand dam de la nature. Les lobbies de l’agricolo-industrie, de l’agro-pharmacie, de l’agro-alimentaire, de l’énergie prennent de plus en plus de pouvoir et en viennent à tenir la plume des commissaires européens pour la rédaction des discours, des directives et des règlements. Les élus eux-mêmes ne semblent pas prendre de distance avec cette terrible réalité. Ils suivent le mouvement et promeuvent partout la création de parcs d’activités, de zones commerciales, de rocades de contournements, de lignes à grande vitesse, d’aéroports sans mesurer les conséquences de leurs actions, l’amenuisement des surfaces agricoles, l’éradication des espaces naturels, la dislocation de la cohésion sociale. Comment peuvent-ils avancer comme justification de leur politique la création d’emplois tant sont évidentes toutes les destructions d’emplois que génère ce système absurde. Et changeraient-ils d’avis
s’ils avaient en outre conscience qu’une zone de forêt de la taille d’un terrain de football disparaît toutes les trois secondes sur la planète, que l’équivalent d’un département de terres agricoles disparaît tous les sept ans en France ?

1.4. De nombreux citoyens ne se limitent pas à leur rôle assigné de consommateurs infantilisés, en manque et demande permanente de biens. Jean Zin, militant et philosophe, présente à notre réflexion deux perspectives. La première, l'attitude "naturelle", serait de laisser faire l'espèce humaine jusqu'à sa destruction pour laisser place nette et la punir de ses excès par son anéantissement. La seconde, celle de l'écologie politique, est à l'opposé de ce libéralisme extrême, située du côté de la lutte contre l'entropie, du "côté actif du vivant". La façon de répondre à un productivisme insoutenable serait de construire une production alternative tirant parti de la révolution informationnelle pour réorienter l'économie sur le développement humain, les services et les consommations immatérielles, en passant d'une logique concurrentielle à une logique coopérative, d'une productivité à court terme à un investissement dans l'avenir, en développant l'autonomie de chacun.

2. Le temps de la Terre – Le temps de l’Homme

Cela a-t-il du sens d’affirmer que tout va très vite dans le changement actuel de nos conditions de vie et qu’il est urgent de modifier notre trajectoire ? Deux notions du temps doivent être considérées, la notion de " temps long" qui est une découverte essentielle mais récente et qui est encore difficile à concevoir et à faire entrer dans les schémas de pensée, la notion de "temps court" qui est incomprise.

Temps de la Terre, temps de l'Homme un livre de Patrick De Wever paru le 21 mars 2012 aux Editions Albin Michel – Collection Bibliothèque Sciences

Avec les préfaces de Gilles Bœuf (Président du Muséum national d’histoire naturelle) et de Jean Dercourt (Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des sciences)

Entre l'instantanéité du temps vécu et la représentation des longues périodes historiques, géologiques ou cosmologiques, l'être humain peine à se situer et à se représenter exactement chronologies et moments. Peut-on se représenter un million d’années ? Comment entrer dans la perception de ce temps long ?

 

Le temps de la Terre est le temps géologique dont les Unités de compte sont des millions d’années. Notre planète s’est formée il y a 4.560 millions d’années et l’apparition de la Vie date de 3.850 millions d’années. Les premiers témoins de vie observables datent de 550 millions d’années. Les dinosaures ont disparu il y a 65 millions d'années… Le temps de l’Homme ne se compte qu’en milliers d’années. La maîtrise du feu par les hominiens date de 400.000 ans, la naissance de l’homme moderne a 200.000 ans et les ornements de la grotte de Lascaux ont 17.000 ans. La naissance de l’agriculture a 10.000 ans, le début de la révolution industrielle n’a que 230 ans. Que de ravages en peu de temps !!!

Pour se rendre compte des temps, un changement d’échelle nous éclaire. Si la terre a 45,6 ans, les 1ères observations de la vie ne datent que de 5 ans et demi. Les dinosaures ont disparu il y a 8 mois. L’agriculture a été inventée il y a une heure et la révolution industrielle est née il y a une minute !!!

                                                                                        Léon-Etienne CREMILLE le 6 mars 2013

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