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Depuis le lundi 9 mars 2015,
le jour où j’ai vu le premier pulvérisateur dans les rues du village, je
repense souvent, chaque jour, à cette terrible réflexion de Claude Lévi-Strauss : « J’imagine que l’humanité n’est pas
entièrement différente de ces vers de farine qui se développent à l’intérieur
d’un sac et qui commencent à s’empoisonner par leur propres toxines bien avant
que la nourriture (ou même l’espace physique) ne vienne à leur manquer. »
Sous l’effet de l’ingestion
régulière de molécules toxiques et notamment de pesticides à la campagne (1), je dois constater que nous sommes en
fait soumis à une situation pire que l’empoisonnement. Nous subissons une altération
de nos fonctions vitales qui se développe dans notre corps d’une façon
insidieuse et silencieuse jusqu’au moment fatal où se déclare au grand jour une
terrible affection, généralement un cancer, voire même des cancers qui
constituent maintenant une véritable épidémie. (1) : Le mot Pest
désigne en anglais un animal, un insecte ou une plante "nuisible". Ce mot provient du
latin "pestis", qui signifie un fléau et qui a aussi donné le mot peste, une maladie contagieuse. Une
Plaine toxique Depuis que les jours
s’allongent et que s’installe la chaleur, j’ai vu la plaine de la Valdaine
devenir attirante, belle et verdoyante, mais je ne peux hélas plus me
réjouir du spectacle de cette vaste plaine qui est désormais complètement
empoisonnée par des pulvérisations incessantes de pesticides. Il m’est devenu
impossible de randonner sereinement tellement sont fréquents les passages de
pulvérisateurs sur les routes, les rues et les chemins, et fréquentes les
pulvérisations dans les parcelles avec des produits que le mistral ou le vent
du Sud emportent partout dans les airs. La situation empire d’année en année
avec l’extension considérable des parcelles de céréales d’hiver et l’arrivée
d’une nouvelle génération de pulvérisateurs, d’énormes pulvérisateurs "traînés",
de couleur orange et bien visibles de loin. Leur couleur me rappelle la triste
époque des années 1960/70 lors de l’utilisation d’herbicides par les Américains
pour défolier les forêts du Vietnam, l’agent orange.
Face à ce constat, je suis
affligé de voir les responsables agricoles des organisations majoritaires s’engager
dans le cycle infernal de l’économie libérale, de la délocalisation, de la
mondialisation, penser "marché" et non pas "santé". Je les entends
afficher un déni total des pollutions engendrées par l’agriculture industrielle
et je les vois se figer dans une attitude vraiment retardataire
Une
Planète toxique Les campagnes du monde
entier sont de plus en plus soumises à l’agriculture industrielle. Les
pesticides s’infiltrent partout, dans
Une
proposition : Tout peut changer (titre du nouveau livre de la canadienne Naomi
Klein) N’attendons pas d’être
morts de cancers ! Des professeurs d’agronomie, tels Marc Dufumier et Yvan
Gautronneau, constatent les effets désastreux de l’agriculture industrielle et
ils s’engagent sur la voie de l’agro-écologie, à l’instar de Pierre Rabhi qui
en est le pionnier et qui nous donne, une fois
encore, une direction vers laquelle nous devrions nous diriger "tous
ensemble" pour un monde vivable !
Léon-Etienne CREMILLE le 8 avril 2015 |
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