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VOULONS-NOUS VRAIMENT TOUS MOURIR DE CANCERS ?

 

Depuis le lundi 9 mars 2015, le jour où j’ai vu le premier pulvérisateur dans les rues du village, je repense souvent, chaque jour, à cette terrible réflexion de Claude Lévi-Strauss : « J’imagine que l’humanité n’est pas entièrement différente de ces vers de farine qui se développent à l’intérieur d’un sac et qui commencent à s’empoisonner par leur propres toxines bien avant que la nourriture (ou même l’espace physique) ne vienne à leur manquer. »

Claude Lévi-Strauss est né le 28 novembre 1908 à Bruxelles et il est mort le 30 octobre 2009 en son domicile à Paris, à 100 ans. Il fût un anthropologue et un ethnologue français. Il a exercé une influence décisive sur les sciences humaines dans la seconde moitié du XXème siècle, devenant notamment l'une des figures fondatrices du structuralisme. [ http://fr.wikipedia.org/wiki/Structuralisme],

 

Dans son ouvrage «Tristes tropiques», publié en 1955 chez Plon, Claude Lévi-Strauss s’est attardé sur les effets délétères du progrès technologique sur l’environnement et sur les différentes cultures avec lesquelles il était en contact. Pour l’ethnologue, la civilisation occidentale n’est qu’une option parmi d’autres pour l’Humanité.

 

Sous l’effet de l’ingestion régulière de molécules toxiques et notamment de pesticides à la campagne (1), je dois constater que nous sommes en fait soumis à une situation pire que l’empoisonnement. Nous subissons une altération de nos fonctions vitales qui se développe dans notre corps d’une façon insidieuse et silencieuse jusqu’au moment fatal où se déclare au grand jour une terrible affection, généralement un cancer, voire même des cancers qui constituent maintenant une véritable épidémie.

(1) : Le mot Pest désigne en anglais un animal, un insecte ou une plante "nuisible". Ce mot provient du latin "pestis", qui signifie un fléau et qui a aussi donné le mot peste, une maladie contagieuse.

Une Plaine toxique

Depuis que les jours s’allongent et que s’installe la chaleur, j’ai vu la plaine de la Valdaine devenir attirante, belle et verdoyante, mais je ne peux hélas plus me réjouir du spectacle de cette vaste plaine qui est désormais complètement empoisonnée par des pulvérisations incessantes de pesticides. Il m’est devenu impossible de randonner sereinement tellement sont fréquents les passages de pulvérisateurs sur les routes, les rues et les chemins, et fréquentes les pulvérisations dans les parcelles avec des produits que le mistral ou le vent du Sud emportent partout dans les airs. La situation empire d’année en année avec l’extension considérable des parcelles de céréales d’hiver et l’arrivée d’une nouvelle génération de pulvérisateurs, d’énormes pulvérisateurs "traînés", de couleur orange et bien visibles de loin. Leur couleur me rappelle la triste époque des années 1960/70 lors de l’utilisation d’herbicides par les Américains pour défolier les forêts du Vietnam, l’agent orange.

http://www.caruelle-nicolas.com/caruelle-grandes-cultures/semiportes/olympia-nouvelle-generation/la-pulverisation

Face à ce constat, je suis affligé de voir les responsables agricoles des organisations majoritaires s’engager dans le cycle infernal de l’économie libérale, de la délocalisation, de la mondialisation, penser "marché" et non pas "santé". Je les entends afficher un déni total des pollutions engendrées par l’agriculture industrielle et je les vois se figer dans une attitude vraiment retardataire
d’« agricolo-sceptiques ». Je plains les exploitants agricoles locaux qui sont soumis aux diktats d’organismes économiques mondialisés, qui sont obligés de suivre des conseils leur préconisant des pratiques et des produits néfastes pour leur propre santé, qui sont les premières "phyto-victimes" de ce système.

Une Planète toxique

Les campagnes du monde entier sont de plus en plus soumises à l’agriculture industrielle. Les pesticides s’infiltrent partout, dans
l’air, l’eau, le sang. En Argentine, troisième producteur mondial de soja, un reportage proposé par la revue "6mois" (N°9) montre des enfants empoisonnés par les épandages de "Roundup" sur les champs de soja voisins des habitations. Les villages du nord du pays comptent un nombre anormalement élevé d’enfants malformés comme ce garçon de 14 ans, Sebastian, qui souffre
d’ hydrocéphalie et de myéloméningocèle (une forme de spina bifida). Une étude nationale du ministère de la santé argentine publiée il y a trois ans est venue confirmer le lien entre les épandages et les malformations physiques qui ont été multipliées par quatre en dix ans dans les provinces exposées aux épandages chimiques. La fréquence des cancers a également augmenté.
CONSULTER : http://www.reporterre.net/L-agriculture-industrielle-est

        Extrait de l' EDITORIAL de 6mois-N°9 :

        Cette enquête exceptionnelle comporte de nombreux
        clichés d'enfants qui souffrent de malformations dues
        aux produits chimiques. Certaines images sont
        insoutenables. Plusieurs portfolios successifs ont été
        montés par la rédaction et la direction artistique, avec
        ou sans les photos les plus cruelles. Toute la question
        était celle de l'effroi. Jusqu'où montrer ? Nous avons
        choisi d'être explicites-ne pas cacher l'existence
        d'enfants lourdements handicapés-sans publier les
        photos qui nous révulsaient nous-mêmes. Les
        légendes et l'entretien avec Fabrice Nicolino nous ont
        semblé suffisamment clairs

          http://www.6mois.fr/Le-no9-bientot-en-librairie/

 

Une proposition : Tout peut changer (titre du nouveau livre de la canadienne Naomi Klein)

N’attendons pas d’être morts de cancers ! Des professeurs d’agronomie, tels Marc Dufumier et Yvan Gautronneau, constatent les effets désastreux de l’agriculture industrielle et ils s’engagent sur la voie de l’agro-écologie, à l’instar de Pierre Rabhi qui en est le pionnier et qui nous donne, une fois encore, une direction vers laquelle nous devrions nous diriger "tous ensemble" pour un monde vivable !

   "Au lieu de prendre conscience de la beauté infinie de la planète et de considérer la Terre comme une
   oasis perdue dans un désert sidéral dont nous sommes totalement dépendants, nous continuons
   de la "sinistrer", en agissant comme si ses ressources  étaient inépuisables, comme si nous pouvions
   nous affranchir de cette nature que nous appelons “environnement”, comme si nous n’en faisions pas
   partie. Si des extraterrestres nous observaient, ils concluraient que nous avons des aptitudes
   mais que nous sommes inintelligents ! Tant que nous ne modifierons pas notre regard, nous serons
   dans cette dichotomie, dans ce dualisme totalement artificiel. A partir du moment où je suis
    à l’école de la nature, je ne cherche plus à m’imposer à elle, à la dominer ni à l’empoisonner,
   je suis à son écoute, j’observe son processus et je le respecte.
  Etymologiquement, humus, humanité,  humilité, c'’est la même  chose. »

 

                                                                    


                                                                                                                              L
éon-Etienne CREMILLE le 8 avril 2015