SOUVENIRS D’ANTAN

Lorsque, pour la première fois, il y a très longtemps, je suis allé dans le Sud de la France, à VENCE, dans l’arrière pays niçois, j’avais été très impressionné par les fontaines (1). En pleine chaleur d’été, quiconque pouvait se rafraîchir à l’eau courante de belles fontaines. Ce fût une révélation qui alimenta longtemps ma réflexion et aviva mon désir. J’avais compris que des zones pluvieuses mais très industrialisées comme le Nord de la France manquaient d’eau et ne disposaient plus de fontaines en fonctionnement tandis que des zones chaudes comme le Midi disposaient de ressources en eau suffisantes et pouvaient proposer les eaux fraîches et vivifiantes de ses fontaines. Je pris conscience que la qualité et le confort de la vie passent par des installations simples et géniales, de plus en plus négligées.

BELLE PROVENCE

Lorsque, dans le cadre de notre travail, nous descendions de LYON vers le MIDI, la même question revenait souvent : "Où commence la Provence ?" Pour certains, c’est dès VALENCE qu’elle débute. Pour d’autres, c’est seulement à partir de LORIOL. Mais pour les connaisseurs, c’est à MONTELIMAR, "Portes de Provence", qu’elle commence vraiment, la PROVENCE.  

A chacun de mes déplacements, c’est la qualité de la lumière qui m’informait de mon entrée en Provence. La lumière du ciel bleu des jours de beau temps, si claire, si lumineuse, si douce, me régénérait complètement. C’est aussi le chant des cigales qui me signalait que j’étais bien en Provence. Mais également, face à la chaleur qui écrase les corps en plein été, j’ai toujours remarqué et apprécié les places et les rues des villages ombragées par des platanes et des tilleuls et dotées très souvent aussi de belles fontaines aux eaux rafraîchissantes. Et puis, la Provence, ce sont aussi les oliviers qui embellissent les jardins, les vignes qui s’étendent à perte de vue, la lavande qui parfume l’air, les figuiers qui occupent les moindres recoins.

PROVENCE DROMOISE

La Provence est une vaste entité qui s’étend de la Méditerranée aux Alpes et qui concerne sept départements dont la Drôme pour le Sud de son territoire. Tout le canton de MARSANNE (15 communes) et à son intérieur toute la Communauté de Communes de MARSANNE (10 communes), dont bien sûr ST GERVAIS-SUR-ROUBION, ainsi que les cantons de MONTELIMAR et de DIEULEFIT, sont insérés dans le territoire de la Drôme provençale (2). Quel plaisir de voir sur les pancartes situées à leurs entrées le nom de nos villages suivi par l’appellation "EN DROME PROVENCALE"(3).

 C’est un avantage certain de nous faire connaître par cette appellation si flatteuse mais il serait utile de mieux faire la promotion de appartenance provençale. Notre village est certes cité pour ses vins, c’est bien, mais il y aurait à réfléchir à tout ce que nous pourrions valoriser de notre statut, à condition d’y croire. Les récents évènements du village laissent penser que les préoccupations se situent ailleurs. C’est dommage ! La transformation en bac à fleurs d’une fontaine rue des Terrasses n’est pas très heureuse et une manifestation spontanée a montré la désapprobation d’habitants à la découverte de la terre déposée dans le bassin. La coupe d’arbres dans la cour et aux abords de l’école est attristante et va à l’encontre de la protection contre la chaleur qui a toujours marqué la Provence et qui devient de plus en plus nécessaire avec le réchauffement climatique. Des fleurs et une école sont évidemment indispensables. De l’eau et de l’ombre, des fontaines et des arbres, sont eux-mêmes des besoins vitaux à satisfaire pour habiter harmonieusement ensemble. Il est devenu urgent de penser autrement,  de changer de paradigme, de cesser de croire qu’il faille détruire la NATURE et la CULTURE lorsque des aménagements doivent être mis en oeuvre. C’est notre avenir commun, toutes générations confondues, et les futures plus encore, qui se joue dans cette nouvelle donne.

Léon-Etienne CREMILLE