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                                                    Un jour... la Mort du Corps

 

           

 "La Vie, c’est dépendre des caprices de son corps", écrit Hélène Grémillon en page 25 de son livre "Le confident". La Vie terrestre est bien évidemment une histoire du Corps, celui dont chaque Etre dispose,
animé et mû par l’Energie vitale. Un jour, la Mort s’invite quand se retire "Ce qui" anime le Corps, que
celui-ci soit usé par la vieillesse, détérioré par la maladie, déchiqueté par l’accident, détruit par le suicide. Corps et Mort sont liés.

1. Le Corps dans les livres

Deux livres récents et passionnants, traitent en détail, jour après jour, de la Vie du corps. Dans le premier, "Journal d’un Corps", le narrateur, Daniel PENNAC, consigne tout ce qui est arrivé au corps d’un homme durant sa vie, depuis ses 13 ans jusqu'à sa mort à 87 ans. Il exprime les sensations du corps en laissant de côté les sentiments. Il raconte la découverte de l'adolescence, les inquiétudes de l'âge adulte, les douleurs de la vieillesse… Dans le second, "Avoir un corps", la narratrice, Brigitte GIRAUD, raconte, à la première personne du singulier, le "je", sa propre vie du point de vue de son corps. Elle nous narre la trajectoire d'une enfant qui devient fille, puis femme. Elle nous présente sa traversée de l'existence, sa transformation de jeune fille à femme qui n'est pas si facile, l’évolution de son corps qui découvre la séduction, la maternité, le deuil…

 Daniel Pennac est né le 1er décembre 1944 à Casablanca

Brigitte Giraud est née en 1960 à Sidi-bel-Abbès

http://www.decitre.fr/livres/journal-d-un-corps-9782070124855.html

http://www.decitre.fr/livres/avoir-un-corps-9782234074804.html

 

2. La "Mort" dans les chansons

La haute teneur symbolique de la mort et la forte charge affective, liées aux décès des êtres humains, ont façonné l’imaginaire des Hommes qui a créé un personnage, la Mort, laquelle vient chercher les gens au terme de leur vie [http://www.wikipedia.org/wiki/Mort].

Catherine Ribeiro, née le 22 septembre 1941 à Lyon, est une actrice et chanteuse française d’origine portugaise. Elle a commencé à chanter dans les années 1960. Elle a créé en 1969, avec Patrice Moullet, le groupe "Alpes" dont les albums sont considérés aujourd'hui comme ce qui se faisait de plus libre et de plus intense en France. Elle aborde justement la Mort comme un personnage dans une chanson fantastique, "Un jour… la mort", dont un extrait est présenté ci-après, en face de la photo de l’artiste :

Un jour, la Mort, cette grande femme démoniaque,
M'invita dans sa fantastique demeure. Depuis longtemps elle me guettait, m'épiait, Usant de ses dons, de ses charmes magiques. Elle cambrait sa croupe féline, Fermait à demi ses paupières lourdes de sommeil, Au-delà desquelles brillaient deux yeux de guet-apens. Le souffle court, les lèvres entrouvertes, Elle murmurait : "Viens chez moi, viens, viens, Approche, Viens t'enrouler dans mon repos, Mon repos - repos - repos - l'éternel repos."

 

3. La "Mort" dans les romans

La mort est très souvent présente dans les romans. Elle apparaît sous des formes indéfiniment différentes. Elle peut être douce ou austère, paisible ou cruelle, acceptée ou insupportable. Trois romans récents la présentent avec émotion sous différentes facettes.

3.1. "Les souvenirs" de David Foenkinos, pages 17, 191 à 193

Le narrateur écrit de son grand-père : "Et maintenant, il est mort. Dans la chambre face à son corps, une image m’a saisi : la mouche. Une mouche posée sur son visage. C’était donc ça la mort. Quand les mouches se posent sur nous et qu’on ne peut plus les chasser." Il évoque ensuite sa grand-mère, longuement, et notamment dans ses derniers instants, dont il écrit : "Elle n’avait pratiquement plus de force. Pourtant, elle ne mourut pas tout de suite. Elle passa encore une nuit, sans réellement lutter pour rester en vie, juste une sorte de glissade vers le néant. Je ne sais pas à quel moment elle est morte mais je peux affirmer qu’elle est partie paisiblement. Le cœur a quitté le corps avec politesse. On savait la mort, on la connaissait, et pourtant elle arrivait toujours comme une stupéfaction. Cela me paraissait fou que son corps soit subitement vide de vie ; que son esprit soit vide de pensée."

3.2. "La silencieuse" d’Ariane Schréder, pages 69 et 70

La narratrice présente Clara qui est partie vivre dans un village éloigné de Paris, au bord de la Loire, et qui rencontre souvent un voisin, Bertrand, au cours de ses promenades fréquentes. Un jour notamment, elle le croise vers une maison abandonnée dans laquelle habitait Agathe dont il dit : "Mais elle, elle attendait de rejoindre son mari. Alors quand je l’ai trouvée morte dans son lit, avec l’air de dormir, j’ai pensé qu’elle l’avait rejoint."

"Morte. Il a prononcé le mot avec la même simplicité que quand il avait parlé de la Loire. Il n’a pas l’air
triste. J’aimerais pouvoir penser à la mort comme lui. L’accepter comme lui. Mais tout se révolte en moi et forme une immense boule dure chaque fois que je me souviens."

3.3. "Le roman de Gaspard de la Meije" d’Isabelle Scheibli, pages 183 à 187

Pierre Gaspard est un paysan du village de St Christophe-en-Oisans dans la vallée du Vénéon en Isère. Il va atteindre le premier, en compagnie du baron de Castelnau, le sommet de la Meije, le 16 août 1877. Au cours d’une tentative précédente, son compagnon, Salomon le braconnier, trouve la mort, relatée ici : "Lors de la montée en direction du sommet de la Meije, Salomon a déroché, a fait une longue chute et se trouve
enfoncé dans les glaces jusqu’aux épaules. Gaspard est revenu en hâte jusqu’à lui. Après de nombreux efforts, il le déplace, l’arrache à la crevasse. Il le regarde, le secoue, lui frotte vigoureusement les bras, les jambes, les épaules, l’appelle, sent la joue blême contre la sienne, une joue froide. Et il sent qu’aucun souffle ne sort plus de cette bouche, là, contre sa figure. Alors, il regarde les yeux et il voit un regard mort sous les paupières à demi baissées, il voit que la flamme sombre ne brûle plus dans ses prunelles noires. Lentement, il lâche ce corps inhabité, ce corps qui vient juste d’être abandonné par son âme." La fureur monte soudain en Gaspard qui promet de venger Salomon, ce qu’il fît.

4. Les Vivants et les Défunts

Le mot Défunt vient du latin vita defunctus qui signifie "qui a accompli sa vie" et qui exprime par voie de conséquence "qui est mort", trépassé, "transi". "Celui qui" a accompli sa vie est un être qui fût muni d’un corps,  un corps qui l’a rendu visible et qui fût une marque de sa matérialité, un "corps vivant" qui fût un système complexe, un organisme formé d’organes en interaction. Ce corps cesse de vivre et commence à se décomposer au moment de la rupture définitive des processus nécessaires à son maintien homéostatique (nutrition et respiration, …). Le corps est alors qualifié de mort.

Le mois de novembre, inséré entre le mois d’octobre aux couleurs d’automne flamboyantes et le mois de décembre prometteur d’une renaissance du soleil, présente un paysage austère et sombre qui nous rappelle que nous sommes mortels. C’est précisément au début de ce mois-là que sont placées deux fêtes, celle de tous les Saints et celle des Morts. Cette seconde fête, le 2 novembre, est consacrée à la Commémoration
des Fidèles Défunts
ou Commémoration de tous les fidèles trépassés. Elle
fût instituée en 998 par Odilon de Cluny pour les monastères soumis à son autorité. Son millénaire fût célébré à Cluny en 1998 nous apprend le webmestre du secteur paroissial de Sénart-Sud (77), auteur du site des Racines chrétiennes de Brie-Sénart qui cite aussi le célèbre SERMON SUR LA MORT de BOSSUET prononcé un vendredi du Carême de
1662.
[http://frederic.simon1.free.fr/jour_des_morts.html et /sermon_sur_la_mort.html].

Les Vivants peuvent imaginer que les Morts nous parlent, nous proposent des enseignements, des témoignages, certains surprenants qui s’expriment sous forme d’écriture automatique. De multiples écrits, paroles, sculptures, jalonnent les contrées :

 

PASSANTS

Souvenez-vous que nous avons été ce que vous êtes

Et que vous serez un jour ce que nous sommes

"Le Transi de René de Chalon"

Statue du XVIème siècle réalisée par le sculpteur lorrain Ligier Richier

Inscription située sur le Fronton du cimetière rural du hameau de Fouillouse à St Paul-sur-Ubaye (04) parfaitement lisible sur la photo plein cadre du site : http://www.flickr.com/photos/oliviervallouise/7620905590/

Squelette situé dans l’Eglise de Bar-le-Duc (55), des chairs en putréfaction et un bras qui tend un cœur intact dans un élan vers la vie éternelle http://fr.wikipedia.org/wiki/Ligier_Richier

Léon-Etienne CREMILLE le 18 novembre 2013