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QUELLES TERRES LAISSERONS-NOUS À NOS ENFANTS ?

 

Les phénomènes d’érosion sur la Terre (du latin erodere : ronger) se produisent à deux échelles extrêmement différentes, l’une géologique, l’autre humaine. Dans la première, ils sont couplés avec ceux contraires de surrection, d’une temporalité inaccessible à l’homme, tandis que dans la seconde, du fait des actions aberrantes et irresponsables des hommes, ils sont destructeurs des sols cultivés d’une façon irréversible et ils se produisent sous nos yeux.

1. DES PHENOMENES A L’ECHELLE GEOLOGIQUE… EN MILLIONS D’ANNEES

1.1. LA TECTONIQUE DES PLAQUES ET LA SURRECTION DES MONTAGNES

La terre est couverte de montagnes dont l’origine provient des mouvements et collisions de plaques tectoniques (morceaux de la lithosphère) continentales et océaniques dus aux mouvements convectifs dans le manteau sous-jacent. Le phénomène originel de l’état actuel des reliefs des continents et de l’étendue des océans date d’environ 160 millions d’années quand le continent unique, la Pangée, se divise en plusieurs morceaux qui s’éloignent, se rapprochent, se percutent et forment des montagnes et des océans. Les vitesses de déplacements des plaques sont extrêmement faibles, de l’ordre de quelques centimètres par an, entre 1 et 20 cm par an selon les plaques considérées. Les montagnes mettent donc des millions d’années à s’ériger. Avant cette époque-ci, il y eut plusieurs autres épisodes analogues.

Dans cet épisode, la naissance des Alpes démarre il y a 90 à 80 millions d’années lorsque se produit le phénomène de rapprochement et de pincement des bords de l’océan alpin formé antérieurement, puis de l’expulsion de son contenu et de la collision entre les plaques africaine et eurasienne il y a 30 millions d’années [http://www.geol-alp.com/alpes_francaises/_FAQ.html].

Le sous-continent indien est sur une plaque beaucoup plus fine que les autres et il se déplace à une vitesse élevée de 20 cm par an. Il y a 50 millions d’années, la plaque indienne a percuté l’Asie avec une violence telle que le choc explique la hauteur de l’Himalaya… [http://www.futura-sciences.com/magazines/terre/infos/actu/d/geologie-tectonique-plaques-inde-championne-vitesse-13283/].

1.2. L’EROSION DES MONTAGNES

Comme le dit avec humour le géologue français Patrick De Wever, la terre est destinée à devenir plate. Parallèlement aux phénomènes de surrection qui l’élèvent, elle subit les effets des phénomènes naturels d’érosion, qui enlèvent toute ou partie des terrains existants, altèrent et aplatissent le relief. On distingue deux grands types de phénomènes d’érosion, chimiques et physiques. Les processus chimiques dissolvent les roches calcaires par des eaux chargées en gaz carbonique et donnent les "modelés karstiques". Les processus physiques ou mécaniques désagrègent les roches avec enlèvement des débris par les cours d’eau, les glaciers, les océans, les vents [http://livre.fnac.com/a6850313/Alain-Foucault-Dictionnaire-de-geologie].

2. DES PHENOMENES A L’ECHELLE HUMAINE… EN MILLIERS D’ANNEES

Le sol est une fine couche superficielle, une couche de terre arable extrêmement mince au regard du diamètre de la planète, sur laquelle reposent nos pieds et qui couvre la planète. Il est comme la peau de la Terre. Il a une épaisseur de quelques centimètres à quelques mètres, d’une moyenne de 30 cm seulement !!! Il s’est constitué sur une période de plusieurs milliers d’années, à une époque où son rythme de formation était supérieur à celui de l’érosion naturelle [http://www.mtaterre.fr/dossier-mois/chap/867/Comment-se-forme-le-sol]. Il subit des phénomènes  d’érosion importants depuis que l’homme a inventé l’agriculture, il y a 10.000 ans, au point que d’immenses surfaces de sols sont devenues stériles et que des civilisations ont disparu. A l’époque moderne, un rapport de l'ONU du 11 août 2010 estime que de 5 à 10 millions d’hectares de terres agricoles disparaissent chaque année dans le monde du fait de l'érosion et de l'épuisement avancés des sols tandis que dans le même temps 19,5 millions d’hectares de terres agricoles sont converties chaque année en surfaces pour le développement industriel et immobilier [http://www.planetoscope.com/sols/1175-disparition-de-surfaces-agricoles-dans-le-monde.html].

2.1. L’EROSION DES SOLS CULTIVÉS

Le processus d’érosion des sols cultivés correspond au décapage des particules de la surface de ces sols. Pour qu’il y ait érosion, il faut un agent météorique tel que l’eau de pluie, qui constitue l’érosion hydrique, mais il faut aussi des conditions de surface du sol inadaptées qui permettent aux particules d’être emportées. Les principales conditions de surface défavorables sont représentées par des parcelles de sol nu (végétation totalement absente) ou quasi-nu (végétation trop faiblement implantée telle que les blés semés et les ails plantés à l’automne) qui sont situées sur des sols en pente et à matrice fine, sablo-argileuse. Ces conditions sont réunies sur les collines qui parsèment et agrémentent le Pays de la Valdaine.

L’érosion évolue alors selon plusieurs formes. Il y a tout d’abord de minces filets d’eau qui coulent à la surface des champs et qui génèrent l’érosion en nappe. Tôt ou tard, ces filets d’eau se rencontrent et se concentrent en fonction de la topographie et de l’existence de "motifs" dans le paysage tels que les sillons de labour, les dérayures, les ornières, les tassements dus aux roues d’engins. Des traces d’érosion plus marquées apparaissent, en rigoles ou en ravines.

Phénomènes d’érosion dans la Drôme lors des fortes précipitations du 26 novembre 2014

En outre, interviennent des conséquences externes telles que les comblements, engorgements et débordements des fossés, les écroulements de talus, les inondations et érosions d’autres parcelles situées en contrebas, la dégradation de la qualité des eaux.

2.2. LA LUTTE CONTRE L’EROSION DES SOLS

L’Université de Picardie a fait un travail de recherche des moyens de lutte contre l’érosion des sols dans des régions de grande culture qui est applicable aux terres situées sur les collines de la Valdaine [https://www.u-picardie.fr/~beaucham/mst/Erosion_sol/Erosion-sol.htm]. Elle préconise, pour diminuer l’impact des gouttes de pluie, la simplification du travail du sol, soit le non-labour, le paillage et le non-déchaumage, les cultures intermédiaires. Il est clair que ces méthodes ont fait leur preuve sur les sols restés couverts en Valdaine lors des pluies de novembre 2014.

A suivre [Article et sites à retrouver en couleurs sur : http://ber04.free.fr/]    Léon-Etienne CREMILLE le 7 janvier 2015