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LES MEMBRES DU G20 PRENNENT DES MESURES POUR DOPER LA CROISSANCE

Les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G20, les vingt plus grandes puissances économiques de la planète, se sont réunis à Cairns en Australie durant deux jours, les 20 et 21 septembre 2014. Ils se sont accordés sur une série de mesures, essentiellement des réformes structurelles et des projets d'investissements publics et privés, qui doivent permettre de réaliser 2% de Produit Intérieur Brut (PIB) supplémentaires d’ici 2018, c’est-à-dire permettre de doper la croissance mondiale de 2.000 milliards de dollars de richesses supplémentaires ! [http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/09/21/20002-20140921ARTFIG00037-le-g20-s-engage-a-doper-la-croissance-mondiale-de-2000-milliards-de-dollars.php]. Le Dauphiné Libéré de ce dimanche 21/09/2014 a proposé un article avec ce titre : "L’Europe doit faire plus pour augmenter la croissance". Il cite le secrétaire d’Etat américain au Trésor, Jack Lew, qui "appelle les pays de la zone euro à faire plus pour augmenter la croissance économique en perte de vitesse, en précisant qu’il faut augmenter la demande à court terme et les réformes structurelles sur le long terme, une combinaison importante qui ne devrait pas faire l’objet d’un choix entre les deux." Le journal cite aussi l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) qui avait indiqué : "Les grandes économies ralentissent, en particulier la zone euro qui souffre d’une croissance anémique qu’il faut relancer à tout prix, faute de quoi elle risque de décrocher par rapport à ses concurrents". [

Le projet d’autoroute A831 est présentée par bon nombre des élus de la région Poitou-Charentes, qui la nomment "AUTOROUTE DE L’EMPLOI", comme « absolument essentielle à la vitalité de nos territoires durement touchés par la crise, et parfaitement compatible avec le Marais poitevin », même si quelques-uns, comme Jean-François Macaire, président de la région, soutiennent que le marais est « un patrimoine exceptionnel », et qu’il ne peut « subir la blessure d'une autoroute ».

Et haro sur la Ministre de l’Environnement, qu’ils traitent « d’Aliénor d’Aquitaine », qui a osé la leur refuser le 25 juillet 2014 et qui a affirmé : « Ils peuvent manifester [NDLR : en parlant des défenseurs du projet], je ne donnerai pas le feu vert pour que soit transmis aux entreprises le dossier de consultation technique ».

  
               http://www .ledauphine.com/france-monde/2014/09/21/l-europe-doit-faire-plus-pour-augmenter-la-croissance ]

Ils ont tous l’air réjouis et satisfaits des décisions prises à l’initiative de l’Australie, champion de l’ultra-libéralisme

LES ELUS DE VENDEE VEULENT UNE AUTOROUTE SUPPLEMENTAIRE

Vincent Rémy, Rédacteur en chef à Télérama, estime que les élus de Vendée font fausse route qui manifestent pour la construction de l’autoroute A831, un barreau de 64 km qui traverserait le Marais poitevin et le marais de Rochefort, deux grandes zones humides classées Natura 2000, pour relier Fontenay-le-Comte en Vendée à Rochefort en Charente-Maritime. Il y a déjà « Onze mille kilomètres d’autoroute en France, l’un des réseaux les plus denses du monde [essentiellement gérés par 3 groupes privés (Vinci, Eiffage et l'espagnol Abertis)] mais près de 6 millions de chômeurs. Rien à voir bien sûr. Et c’est au "nom de l’emploi" que depuis trente-cinq ans des élus sincères et convaincus, forts des pouvoirs que leur a donnés la décentralisation et appuyés par quelques géants du CAC40, défendent le modèle " tout béton-bitume, périurbanisation, grande distribution, low-cost généralisé" qui a conduit la France dans le mur, mur social, économique, environnemental. »

ILS PROMEUVENT LA CROISSANCE SOUS PRETEXTE DE LA CREATION D’EMPLOIS

Devant cette addiction à la croissance de la part de décideurs économiques et d’élus politiques partisans du libéralisme et face à ce train de 900 plans de réforme et cette course aux autoroutes, on peut se poser la question de leur effet sur l’emploi. Il faut se rappeler que la croissance, qui est une invention du capitalisme et se mesure par l'augmentation des points de PIB, n’est en fait que le résultat des énergies dépensées, donc du gaspillage effréné des ressources limitées de la planète.

Laurent Laurent, écrivain, romancier, essayiste, pose des questions : Et si le PIB restait constant à population constante ? Et s'il diminuait même de quelques points pour réduire la dépense de CO2 et l'effet de serre qui nous menace ? Et s’il était mieux réparti, notamment pour remonter le niveau de vie du quart de la population la plus démunie ? Non pas en consommant tous plus, mais en rééquilibrant un tant soit peu les richesses et les consommations ? Ces réflexions sont pertinentes !

Floran Augagneur, philosophe, conseiller à la Fondation Nicolas Hulot, affirme dans une émission de France Culture consacré aux "Révolutions Invisibles" que le lien entre le PIB et la création d’emplois n’a jamais été démontré ! Il ajoute que la poursuite de la croissance à travers la "machinisation" systématique détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée et que l’on ne tente de maintenir l’emploi que par des subterfuges. David Graeber, professeur d’anthropologie, décortique ce qu’il appelle les "bullshit jobs", les "emplois foireux" qui consistent en des tâches inutiles et vides de sens créées par une complexification inutile du système, par l’apologie du jetable et de l’obsolescence programmée… Les recherches sont à approfondir sur ces sujets essentiels, vitaux.

                                                                                                                                             Léon-Etienne CREMILLE le 23 septembre 2014