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QUELQUES ENSEIGNEMENTS SUR L’AGRICULTURE ET L’ALIMENTATION

EXTRAITS D’UNE CONFÉRENCE AU SALON PRIMEVÈRE

 

Le 29ème salon-rencontres de l’alter-écologie, le salon Primevère, s’est tenu les 20, 21 et 22 février 2015 au Parc des expositions Eurexpo à LYON-CHASSIEU. Marc DUFUMIER a donné une conférence intitulée "50 IDEES REÇUES sur l’agriculture et l’alimentation".

Né le 26 janvier 1946, Marc Dufumier est ingénieur-agronome, enseignant-chercheur, professeur émérite à AgroParisTech, expert auprès des Nations unies et de la Banque mondiale. Il fait le point sur les connaissances scientifiques actuelles et il questionne nos comportements alimentaires. Son livre constitue aussi une invitation aux pouvoirs publics à revoir leurs politiques agricoles et rurales afin qu’elles profitent au plus grand nombre.

La présentation de ce livre a fait l’objet de nombreuses conférences, émissions et interviews : [https://www.youtube.com/watch?v=HOSgnqYZnSI - http://lesdebatsdudd.blog.lemonde.fr/2013/11/26/marc-dufumier-la-faim-dans-le-monde-nest-pas-liee-a-un-manque-de-nourriture-mais-a-la-pauvrete/ - http://www.franceinter.fr/personne-marc-dufumier]. Voici l’exposé de quelques fortes vérités énoncées ou rétablies par cet éminent agronome.

1. AGRICULTURE ET BIODIVERSITÉ

1.1. La variété des semences diminue

Durant des siècles, les paysans ont sélectionné eux-mêmes leurs semences à la ferme et ils furent à l’origine d’une très grande diversité de variétés adaptées à nos différents terroirs. La mise au point, par des chercheurs du secteur public et de compagnies semencières privées, de variétés de plantes capables de donner de hauts rendements à l’hectare, a empêché l’implantation et la promotion de variétés pour de petits terroirs. La création en 1941 du Groupement National Interprofessionnel des Semences et Plants (GNIS) a bloqué toute initiative paysanne, a réduit le nombre de variétés, les seules autorisées étant celles inscrites au "catalogue officiel des espèces et variétés". Le système a été verrouillé par une concentration des compagnies semencières, devenues les multinationales, Monsanto, Pioneer, Syngenta et Limagrain, qui contrôlent désormais 60% du marché et imposent un système de certificats d’obtention végétale (COV) qui s’apparente au système des brevets américains.

1.2. Les rendements agricoles sont en baisse

La dégradation des sols et en particulier de leur partie la plus importante, l’humus, est en cause dans l’abaissement des rendements. Sans humus, les terres s’érodent, s’appauvrissent en éléments minéraux et perdent de leur fertilité. Le phénomène est aggravé par des labours trop fréquents et trop profonds qui empêchent l’eau et les racines de pénétrer en profondeur. En concomitance, les vers de terre qui creusent des galeries et ameublissent les sols bien plus efficacement que les labours, disparaissent, empoisonnés par les pesticides, ce qui contribue aussi à la baisse des rendements.

1.3. L’agriculture industrielle a une part significative dans le réchauffement climatique

L’agriculture industrielle, ainsi que les agro-industries en amont et le secteur agro-alimentaire en aval, contribuent au réchauffement climatique dans l’énorme proportion de 30%, les plaçant au 2ème rang des activités humaines contributrices. Les trois gaz à effet de serre concernés par l’agriculture industrielle sont le gaz carbonique émis par les tracteurs et par l’oxydation de l’humus après les labours, le dioxyde d’azote dégagé lors des épandages d’engrais azotés de synthèse, le méthane relâché par les ruminants. Cette agriculture est par ailleurs la 1ère responsable de la pollution des eaux souterraines et superficielles, contaminées par les nitrates et les pesticides, surtout les herbicides.

1.4. L’agriculture biologique peut seule nourrir toute l’humanité

Près d’un milliard d’humains souffrent encore de la faim. On a pensé longtemps que seule l’agriculture industrielle permettrait de nourrir correctement et durablement l’humanité toute entière. De récentes études montrent que cette agriculture génère plus de problèmes qu’elle n’apporte de solutions. Elle détruit l’économie des pays du Sud en inondant leurs marchés locaux de produits agricoles industriels bon marché, bas de gamme, tels que les poulets congelés, le lait en poudre, le riz, et elle empêche l’agriculture locale, basée sur le travail manuel des hommes, de vendre ses produits, de se développer et d’éliminer la famine, dont celle des paysans eux-mêmes. Ces pays ne pourvoiront par eux-mêmes à leurs besoins en nourriture que s’ils se protègent par des droits de douane et que s’ils usent de méthodes de production agro-écologiques qui ne nécessitent pas d’autres ressources que naturelles.

2. ALIMENTATION ET SANTE

La question alimentaire ne cesse à juste titre de nous tracasser. L’augmentation des cas d’obésité, de diabète, de maladies neuro-végétatives et de cancers divers est due à la moindre qualité nutritionnelle de notre nourriture mais aussi à de mauvaises habitudes alimentaires.

2.1. L’espérance de vie en bonne santé baisse dans les pays industrialisés

Les perturbateurs endocriniens que l’on trouve dans notre environnement et notre alimentation sont en cause dans ce processus, à savoir les résidus de pesticides dans les fruits et les légumes, les hormones dans le lait, les anti-inflammatoires et les antibiotiques dans la viande.

2.2. Le constat est établi d’un nombre sans cesse croissant de cancers

La forte augmentation des cancers s’explique par les nombreux produits chimiques, dioxine, pesticides, antibiotiques, hormones, qui se trouvent dans nos aliments. Elle est également due à une alimentation déséquilibrée. Il est par exemple démontré qu’il existe une forte corrélation entre le cancer du côlon, la surconsommation de viande rouge et la sous-consommation de fibres telles celles qui sont contenues dans les légumes secs (haricots, fèves, pois chiches, lentilles).

2.3. L’alimentation d’aujourd’hui, trop riche en gluten, est source d’allergies

L’intolérance au gluten provoque une inflammation de l’intestin grêle et une nécrose de la paroi intestinale, entraînant des carences nutritionnelles en vitamines B12, fer, calcium. Des blés riches en gluten ont été sélectionnés depuis 4 ou 5 décennies. Ces "blés de force" certes hautement panifiables sont directement en cause dans les réactions d’allergies et d’intolérances au niveau de l’intestin.

                                                                                                                                Léon-Etienne CREMILLE le 24 février 2015