L’EAU, UN PRODUIT DE LUXE ? [1ère
Partie]
EN AVANT-PROPOS :
Dans une courte et nouvelle émission diffusée sur
France 5, "Dr CAC" explique chaque soir, du lundi au vendredi, avec
simplicité et humour, les grandes questions économiques. Il a abordé récemment,
le vendredi 9 décembre à 20h20, la question : "L’eau, un produit
de luxe ?" qui m’est apparue bizarre, inattendue, désopilante,
et qui m’a conduit à faire une recherche sur ce thème. "Luxe" vient
du latin "luxus" :
"excès". Le luxe est un mode de vie caractérisé par de grandes
dépenses consacrées à l’acquisition de biens superflus, par goût
ostentatoire. C’est aussi un bien ou un plaisir coûteux
qu’on s’offre sans
nécessité. Mais l’expression "ce n’est pas du luxe" concerne par
contre l’indispensable satisfaction d’un besoin vital … comme l’eau, par
exemple !
N.B. : Toutes les données
présentées dans le texte peuvent être consultées sur les sites internet
proposés en cours ou fin de paragraphe.
1. L’EAU manque encore à un
milliard d’habitants de la terre
Aussi, d’où provient cette interrogation :
l’eau, un produit de luxe? La notion de "luxe" pour l’eau a été utilisée d’une façon affirmative
lors d’une campagne menée en 2007 par
l’association "Action Contre la Faim" sous le thème : "l’eau, un produit de luxe pour un milliard
de personnes" :
A la
veille de la Journée Mondiale de l’Eau 2007, l’association "Action contre la Faim" (ACF) a
fixé un rendez-vous à Paris, Place de la Madeleine, le 21 mars, pour le
lancement officiel d’un "produit
de luxe pour UN milliard de
personnes", l’EAU ! A cette occasion, elle a en outre distribué
15.000 échantillons de ce "produit de luxe" dans 15 villes de
France. Ce chiffre correspond aux 15.000
personnes, dont 5.000 enfants de moins de 5 ans, qui meurent chaque jour
de maladies liées à l’eau, soit près de
6 millions de personnes par an. L’eau présentée sous l’apparat
d’un parfum coûteux fût une manière de réveiller les consciences et de lutter
contre une injustice. Un produit vital, d’une grande banalité pour nous, est
en effet encore inaccessible pour 1/6ème de
l’humanité. |
L’EAU UN LUXE POUR UN MILLIARD DE PERSONNES |
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Quelques éléments complémentaires sont importants dans le
document d’Action contre la Faim : - L’eau est une ressource naturelle
qui nécessite d’être puisée et transportée, souvent sur
plusieurs kilomètres sur les épaules des femmes avec un poids moyen de 20
kilos par individu. L’OMS (Organisation Mondiale pour la Santé) précise qu’il
faut 50 litres d’eau par
jour et par personne
pour vivre décemment. En situation de crise, elle préconise un minimum vital de 20 litres d’eau par jour et par personne pour survivre. - L’eau doit être protégée des contaminations, parfois traitée,
pour être accessible et consommable. |
[Source : http://www.actioncontrelafaim.org/fileadmin/contribution/7_presse/pdf/evenements/DP_JME_2007.pdf]
Dans certains
pays, on ne peut hélas que constater l’extrême faiblesse de la quantité d’eau
disponible par personne et par jour. Elle ne dépassait pas 7 litres dans les camps de déplacés du Darfour (Soudan) en 2006. Il
en allait de même pour les habitants oubliés de la banlieue d’Oulan-Bator
(Mongolie) (6 litres), les habitants
de Grozny (Tchétchénie) avec moins de 10
litres, ou enfin les Afghans des
zones rurales (10 litres en moyenne). [Source :
http://elfyr11.over-blog.com/article-6111388.html].
2. Les excès de la consommation
d’eau occidentale
2.1. Dans
les pays occidentaux, la consommation domestique moyenne atteint
respectivement de 150 à 170, 500, 800 litres/jour/habitant ,
en France, aux E.U, au Canada, soit 3 fois, 10
fois, et même 15 fois plus d’eau que le volume considéré comme étant suffisant par
l’OMS pour une vie décente.
Pour la
France, la consommation moyenne, quotidienne, par
habitant, est variable selon les habitudes de vie et les équipements
domestiques. Elle se répartit environ de la façon suivante : 2
litres en eau de boisson, 24 litres
pour la cuisine (préparation des repas et lavage de la vaisselle), 18 litres pour le lave-linge, 60 litres pour l’hygiène corporelle, (200 litres pour un bain !), entre 40 et
70 litres pour l’évacuation des urines et
excréments selon le modèle, ancien ou récent, de WC.
Ce modèle de confort est largement exporté dans tous les pays où s’implante un
tourisme de masse mondialisé. Les touristes sont avides d’un mode de vie "à
l’occidental", avec des conséquences lourdes en gaspillages d’eau locale
(douches, bains, piscines) au détriment des populations… mais désastreuses
aussi, ne l’oublions pas, en émissions de gaz à effet de serre lors des
transports aériens.
Au niveau
des ménages, nous avons des possibilités de pouvoir réduire d’une façon
significative nos consommations d’eau sans devoir bouleverser fondamentalement
notre "modèle domestique". Nous pouvons tout simplement adopter un
certain nombre de pratiques plus économes. Tant au
niveau de la robinetterie que des équipements de base, nous pouvons installer des
mécanismes de chasse d’eau économiques ou des réducteurs d’eau sur les robinets
et la pomme de douche, privilégier les douches aux bains, ne pas faire couler
l’eau en se lavant les dents…, des pratiques décrites dans le chapitre EAU de
l’Agenda 21 du Conseil Général de
l’Isère [http://www.isere-agenda21.fr/10484-eau.htm].
2.2. Mais… si nous utilisons beaucoup d’eau pour boire, faire la
cuisine, nous laver, nous en utilisons encore plus pour la production de
nourriture, de vêtements, de voitures... Le "water
footprint", ou "empreinte
en eau", concept
inventé en 2003 par le professeur néerlandais Arjen Hoekstra, permet de calculer,
pour chaque bien, produit ou service, la quantité d’eau utilisée tout au long de sa
fabrication ou de sa réalisation. C’est un indicateur de l’usage direct et indirect de l’eau par
le producteur ou le consommateur. L’empreinte
en eau d’un individu, d’une communauté,
d’une entreprise, d’une nation, est définie comme le volume total d’eau douce nécessaire pour la production de
marchandises et services consommés [http://www.empreinte-de-l-eau.org/?page=files/home].
De ce fait, les problèmes de l’eau sont très liés
à la structure
de l’économie mondiale. Beaucoup de pays ont externalisé leur
empreinte en eau, en lien direct avec leurs importations de marchandises. De
cette manière, ce sont les ressources en eau des pays exportateurs qui sont les
plus fragilisées. Ces ressources sont d’autant plus menacées pour les pays
exportateurs ayant peu de réserves d’eau disponibles (pour cause de sécheresse,
de pollution…) et ce sont malheureusement les populations qui en pâtissent les
premières [http://forevergreen.eu/green_attitude/connaissez-vous-votre-empreinte-en-eau/].
Et si l’eau n’était devenue un LUXE pour les pauvres que parce qu’elle
est désormais traitée comme une marchandise qu'ils ne peuvent pas payer ?… ?
Asuivre…. Léon-Etienne
CREMILLE le 7 janvier 2012