|
|
||||||
CETTE ANNÉE, LE 29
JUILLET 2019 EST LE JOUR DU DÉPASSEMENT DES MILLIERS D’ANNÉES DE
PATRIARCAT, ÇA SUFFIT MAINTENANT ! Une
réalité alarmante : l’épuisement des ressources de la terre Le Jour du
dépassement n’est pas un marronnier de l’été comme le persiflent des
climato-sceptiques irresponsables. Rappelons qu’en journalisme un marronnier
est un article ou un reportage d'information de faible importance meublant une
période creuse et consacré à un événement récurrent et prévisible. Les sujets débattus
dans un marronnier s’avèrent souvent simplistes, parfois mièvres. (Wikipedia).
Si le "Jour du dépassement" est effectivement devenu un évènement
récurrent, il n’est hélas pas un évènement mineur. Il est d’une importance
capitale. Il signifie que c’est le Jour où les capacités de régénération de la
Terre sont dépassées par rapport à l’exploitation vorace des ressources que
génère le système productiviste mondialisé de type industriel. Le ratissage du
fond des océans, la destruction des forêts, les émissions de gaz à effet de
serre, la surexploitation des ressources minières et des sols agricoles, le
saccage de la planète, s’intensifient et s’aggravent chaque année un peu plus
de sorte que c’est de plus en plus tôt dans l’année que survient ce triste Jour. Cette année, ce Jour est le 29 juillet 2019 au
niveau mondial. Pour la seule Europe, c’est dès le 10 mai dernier que les 512 millions d’habitants de l’Union
européenne vivent à crédit, que nous avions déjà consommé en 5 mois la totalité de ce que la planète est en capacité de
régénérer en nourriture, fibres et matériaux sur une année (Nicolas HULOT).
Le
Jour du dépassement arrive toujours plus tôt d’une année à la suivante comme le
montre le graphique établi depuis 1970, la dernière année où se sont équilibrées
les demandes et les offres : https://www.overshootday.org/newsroom/dates-jour-depassement-mondial/ Il est quand
même symptomatique de constater que c’est en
1970 que le Club de Rome (créé en 1968) a demandé à des chercheurs du MIT
(Massachusetts Institute of Technology) un rapport sur les limites à la
croissance (dans un monde fini). Ce rapport dit Rapport Meadows est paru en 1972 sous le titre "The Limits To
Growth". Il fût traduit en français la même année sous le titre fallacieux "Halte à la croissance ?" Réactualisé,
le nouveau rapport de 2012 confirme hélas celui de 1972. En somme, il
faut constater que RIEN n’a été fait depuis presque 50 ans alors que toutes les
données avaient été mises sur la table. Graham Turner, le
rédacteur-coordonnateur et successeur de Dennis Meadows, estime que si
l'humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, le
désastre découlera du fait d’un effondrement économique lequel se traduira par
une baisse massive de la population aux alentours de 2030. D’après Jean-Paul Baquiast, haut fonctionnaire et
essayiste français, aucune des indispensables
mesures radicales ne sera prise. Les décisions des gouvernements, des
entreprises et des médias convergent "pour
que tout continue comme avant". La Terre est dévorée. Partout, on
épuise les ressources minières et on intoxique les milieux naturels. La Terre se
consume. Partout, on assiste à de catastrophiques "mégafeux" en
Amazonie et ailleurs. https://www.flickr.com/photos/jdhancock/3653177703/in/photostream/ & https://www.infinisearch.fr/9139/humanite-vit-desormais-dessus-moyens.html Une humanité prédatrice : la domination
des mâles à travers le patriarcat La communauté primitive
reposait sur la coopération de la production pour nourrir tous les membres du
groupe. Il y a environ 10.000 ans, deux découvertes ont entraîné un changement
dans la façon de produire dans la société, l’agriculture et l’élevage, qui permirent
de passer rapidement à l’exploitation individuelle. L’économie communautaire et
la nécessité du travail en commun eurent moins d’importance. Le travail
individuel instaura progressivement "la
propriété privée" qui entraina petit à petit la désagrégation de la
communauté primitive et l’apparition de grandes familles patriarcales. Avec l’installation du
patriarcat au mésolithique, vers 6.000 ans avant Jésus-Christ, soit depuis
environ 8.000 ans à compter d’aujourd’hui, les femmes se sont trouvées
reléguées à une place subordonnée tant dans les sphères privée que publique. Le
pouvoir patriarcal contient notamment le droit de propriété qui est conçu comme
une maîtrise absolue sur les choses, à la totale disposition du propriétaire,
la femme étant l’une de "ces choses" dont il jouit exclusivement. Le
patriarcat est la domination des hommes
sur les femmes organisée
socialement. Le patriarcat constitue un système de structures et de
relations sociales dans lequel les hommes dominent et oppressent les femmes. Il
est "une forme d’organisation sociale et juridique
fondée sur la détention de l’autorité par les hommes". Il repose, selon
Sylvia Walby, sociologue britannique,
sur les six structures suivantes qui s’articulent ensemble : le foyer, l'emploi,
la violence masculine, la sexualité, la culture, l'État. Le foyer est le lieu
du travail domestique auquel sont astreintes les femmes qui là sont non
rémunérées et exploitées par les hommes. L’emploi est un lieu de
discrimination. Les femmes ne vont pas à l’école, n’obtiennent pas de diplômes
et travaillent pour des salaires bas. La violence masculine est légitimée car
il faut garder le contrôle sur les femmes. La sexualité se limite à mettre en
avant le désir et le plaisir des hommes. La culture sous ses différents aspects
limite les femmes à un rôle de mères, de reproductrices faisant des enfants, empêchées
de poursuivre des études prolongées. Elle les considère comme des objets, les
contraignant à ne tenir que des rôles secondaires. L’Etat lui-même sert le
patriarcat par les lois qu’il promulgue comme celle de l’obligation pour les
femmes de rester au foyer. La domination culturelle, sociale, sexuelle, exercée
par les hommes sur les femmes, est caractéristique de la
"phallocratie" énoncée par Françoise d’Eaubonne*. Les verbes sont ici "au
temps présent" pour que puisse surgir en nous tous une pleine conscience
de l’immense force coercitive sous-tendue par les structures patriarcales,
lesquelles existent encore mais ont évolué différemment et ont même pu être
partiellement éradiquées selon les époques et les pays. L'idée de la supériorité
masculine s'est élaborée politiquement, religieusement, culturellement et biologiquement
au fil des siècles. Toutes les disciplines, et notamment la biologie, ont été
successivement convoquées pour justifier l'infériorisation et la minoration de
la femme. Ainsi, comme la femme perd son sang, il en a été déduit qu’elle "se
subit" et elle est donc destinée à subir. Tandis que l'homme, lui, il verse
son sang. On en a déduit qu’il "se gouverne" et qu’il est donc
destiné à gouverner, à faire la guerre, à conquérir des territoires, … et à
exploiter les femmes et la nature ! Dans son livre, Le mythe de
la virilité, Olivia
Gazalé, philosophe, diplômée de Sciences-Po Paris et titulaire d'un DEA de
philosophie, estime que : "La
virilité est tombée dans son propre piège, un piège que l'homme, en voulant y
enfermer la femme, s'est tendu à lui-même. En faisant du mythe de la
supériorité mâle le fondement de l'ordre social, politique, religieux,
économique et sexuel, en valorisant la force, le goût du pouvoir, l'appétit de
conquête et l'instinct guerrier, il a justifié et organisé l'asservissement des
femmes, mais il s'est aussi condamné à réprimer ses émotions, à redouter
l'impuissance et à honnir l'effémination, tout en cultivant le goût de la
violence et de la mort héroïque."
Sylvia Walby - Olivia Gazalé
- Denise Comanne Denise
Comanne, féministe engagée dans les luttes locales et
internationales contre le capitalisme, le racisme et le patriarcat, nous
rappelle qu’autrefois, quand on interrogeait les enfants à l’école sur la
profession de leurs parents respectifs, on leur apprenait que si leur maman
était femme au foyer, il fallait inscrire "néant". Ce néant-là témoigne mieux que tout autre de "l’invisibilité"
du travail domestique des femmes dans les sociétés capitalistes. Elle a écrit :
" Je suis en révolte permanente
contre l’injustice du système capitaliste dont j’ai vu les effets dans ma vie
de femme, de travailleuse." Un espoir
enthousiasmant : l’émergence de l’écoféminisme L'écoféminisme, terme créé par l'intellectuelle française Françoise d'Eaubonne* en 1974, est une porte pour mieux penser les questions de société, les questions raciales, les questions spécistes, les questions écologistes. Il allie la défense des droits des femmes et la protection de la planète. Il a pris conscience dans ces deux luttes d’un ennemi commun qui est le système capitaliste, instauré par les mâles, exploiteur de la nature et des femmes. Un Collectif dédié aux femmes, "Les Engraineuses", a organisé le 1er Festival Écoféministe en juin 2019 avec le constat : "Le patriarcat s'inscrit dans un système capitaliste de domination de la nature. On l'a vu depuis l'industrialisation au 19e siècle. On a transformé et dominé la nature. Il faut donc repenser ce rapport et réfléchir à comment vivre en harmonie pour préserver cette nature."
|
|
||||||
|
|