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MALGRE DE GRANDES ENVOLEES DISCURSIVES SUR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

LES AUTORITES CONTINUENT DE SUIVRE UNE TRAJECTOIRE NEOLIBERALE DYSTOPIQUE

Un constat accablant

Il est temps que l’espèce humaine cesse d’habiter la planète Terre d’une façon malpropre, méprisante, sagouine, en l’utilisant abusivement comme le terrain de jeu de sa conduite addictive sans aucun respect des Lois de la Vie. Il est consternant que la majorité des activités humaines se développent dans une ivresse de consommation sans aucune préoccupation de ses conséquences de plus en plus catastrophiques. Il est affligeant que de pitoyables lubies soient mises en œuvre sans que leurs auteurs aient le moindre souci des effets de leurs actes.

A l’échelle individuelle, beaucoup de ceux que l’on appelle des touristes sont complètement inconscients du retentissement de leurs actes. Ils n’ont en tête que l’idée de prendre agréablement l’avion et de partir à l’autre bout du monde, soit pour voir les belles chutes du Niagara ou les magnifiques temples d’Angkor, soit même pour simplement changer d’air et aller fêter le Nouvel An, ou d’autres fêtes, aux Canaries, à Tahiti, en Pays ThaÏ ou dans quelque île paradisiaque. Trop de personnes aussi fréquentent les supermarchés dans leur vie quotidienne pour acheter des produits alimentaires industriels comme des steaks, des biftecks de bœuf, des poulets, issus d’animaux nourris au soja brésilien ou comme des pâtes à tartiner bourrées d’huile de palme indonésienne.

A l’échelle économique et politique, les responsables d’établissements publics et de sociétés privées ainsi que de formations politiques sont conscients du désastre qu’entrainent l’abattage des arbres et la destruction des forêts, mais ils s’en désintéressent et même le favorisent, que ce soit pour planter des palmiers à huile en Indonésie, de semer des champs de soja au Brésil soit pire, localement, pour alimenter des centrales bois-énergie sous prétexte de passer aux énergies renouvelables comme on peut le constater à Pierrelatte (26) ou à Gardanne (13).

Mais voilà que tout à coup chacun s’affole et s’étonne de l’apparition soudaine d’un virus soi-disant "maudit" ou  "méchant", qui oblige à un arrêt mondial des activités humaines. Beaucoup de gens oublient que l’apparition de ce SARS-Cov2 n’est pas l’agression guerrière d’une quelconque armée mais qu’elle est la conséquence directe de notre mode de vie moderne caractérisée par une accablante débauche de moyens techniques, par une affolante et incroyable "démesure" de surconsommation de biens et de services, analogues à l’"hubris" des Grecs mais aussi au désastreux "America way of life" des États-Unis qui nous a imprégné et rendu malades, lequel a fait l’objet de la diffusion sur FRANCE 5 le 17 janvier 2021 du documentaire "Climat : une guerre américaine".

Une fébrilité vaccinale

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Quel tapage en ce début d’année 2021 depuis que des laboratoires ont sorti des vaccins en 4ème vitesse et que la vaccination contre la Covid 19 submerge tous les bulletins d’informations de tous les médias ! Il paraît certes nécessaire de protéger les personnes les plus faibles, les plus âgées et les plus à risques, celles qui présentent déjà des maladies chroniques et pour lesquelles le taux de mortalité s’avère le plus élevé. Mais il ne faut quand même pas oublier que ce virus n’est pas réputé très dangereux même s’il est très contagieux. La fébrilité actuelle réactualise les célèbres "shadoks" des années 1960/70 dont sont extraits deux dessins particulièrement adaptés à notre situation actuelle. On peut aisément remplacer "pomper" par "vacciner" pour le premier et on peut gentiment stigmatiser pour le second la soudaine précipitation des foules vers les "vaccinodromes".

Cette fébrilité peut aussi nous rappeler la fameuse diatribe de Charles de Gaulle lors de sa conférence de presse du 14 décembre 1965 [https://www.ina.fr/video/I12107935] alors qu’il s’exprimait à propos de l’Europe et que nous pouvons reprendre en la plagiant pour l’attribuer à la Vaccination : "Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant la Vaccination ! la Vaccination ! la Vaccination ! Mais ça n’aboutit à rien et ça ne signifie rien." Bien sûr que ça ne signifie RIEN car la société toute entière ne s’occupe que des conséquences de ses actes et rechigne à remonter aux causes que sont les déforestations massives qui ont fait sortir hors de leurs "habitats naturels" les animaux sauvages et leurs virus, celui d’aujourd’hui et d’autres dans l’avenir.

Une cause majeure

Dès le mois de mars 2020, Isabelle Autissier, grande navigatrice et présidente de WWF, nous met en garde : "Nous ne serons jamais en bonne santé sur une planète malade que ce soit à cause du réchauffement, de la pollution ou de l’écroulement de la biodiversité." Elle ajoute : "Si l’on prenait le temps en cette période de confinement de comprendre en quoi l’homme est responsable de la pandémie ? Les atteintes à la biodiversité sont à l’origine de cette crise. Quand on regarde les pandémies des dizaines d’années qui viennent de s’écouler, Ebola, le SRAS, le VIH et vraisemblablement ce coronavirus, on voit bien que des milieux naturels ont été détruits par nos modes de consommation et de production. Et  on a laissé faire le braconnage d’espèces sauvages ce qui a rapproché les hommes d’une nature et d’animaux qui en étaient très éloignés. De ce fait, on a favorisé le passage de micro-organismes des animaux vers les hommes et inversement. C’est le cas avec les pangolins ou les chauves-souris. On le sait déjà, la destruction de la nature favorise l’apparition de pandémies nouvelles."

Virginie Maris, philosophe de l’environnement, a publié en 2014 avec d’autres chercheurs un essai dans lequel elle écrit : " Depuis que la vie s'est diversifiée sur Terre il y a 500 millions d'années, nous sommes alertés que notre planète entre dans une 6ème phase d'extinction de masse, causée cette fois-ci par l'homme. Les causes en sont la surexploitation des ressources, la surconsommation, la suroffre, les surcapacités technologiques, le changement climatique, la déforestation." Pour la philosophe qui travaille depuis longtemps sur le rapport de l’homme à la nature, la pandémie de Covid-19 n’est pas surprenante. Cela fait des années que les écologues et les épidémiologistes s’y attendent. "Nous sommes face à une crise sans précédent, comparable aux cataclysmes de jadis qui avaient éliminé les dinosaures, mais une crise beaucoup plus rapide encore dans ses conséquences" affirme Virginie Maris. Dans son nouveau livre paru en janvier 2016, elle aborde "l'opportunité de repenser les valeurs de la nature et le sens du bien commun, la possibilité de développer des rapports plus harmonieux entre individus, entre cultures et avec le reste du vivant." Car l’homme est entrain "d’enrayer un processus vieux comme la vie : celui de la diversification du vivant". "Le temps du royaume humain est maintenant compté." Elle explique que si l’on a assisté à certaines avancées, c’est uniquement dans le cadre de la logique économique libérale car les autorités disent : "Il faut verdir la croissance mais surtout ne pas cesser de croître". Pour l’auteure, notre impuissance tient à ce que nous restons dans le paradigme dominant de la croissance alors qu’il faut s’éloigner du cadre habituel qui reste anthropo-centré, court-termiste, technophile.

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Un aveuglement dystopique

Les gouvernements continuent d’œuvrer dans la logique néolibérale. Ils poursuivent la dislocation des Services publics, la suppression de postes et de lits alors que les hôpitaux sont au bord de la surcharge de patients.

Nous ne pouvons qu’être inquiets des deux réformes qu’ont élaborées les 2 gouvernements successifs nommés sous la présidence actuelle et que la crise de la Covid a provisoirement reportées, la réforme de l’assurance chômage annoncée en juillet 2019 ainsi que la réforme des retraites en 2020 visant à refondre en profondeur le système de retraite français. Nous ne pouvons qu’être inquiets aussi du projet de loi de sécurité globale qui renforce les pouvoirs de surveillance de la police et vise à restreindre nos libertés, ainsi que des mesures exceptionnelles décidées en conseil des ministres comme la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’en juin 2021, et récemment l’information abracadabrante en provenance de l’Académie de médecine proposant aux gens qui sont dans un métro à sept heures du matin de ne pas parler, parce que ça risque de faire des postillons.

La contestation autour de la réforme des retraites est l’occasion de critiquer plus profondément l’injonction faite à chacun d’être dans la performance de soi, au travail comme dans la sphère privée, jusqu’au dernier jour de sa vie, de devoir gagner sa retraite comme on remporte l’ultime compétition de son existence. Barbara Stiegler, professeure de philosophie politique, note que les gouvernants, accrochés à la logique néolibérale, continue de s’arcbouter sur la soi-disant nécessaire "adaptabilité" de l’humain à un système mortifère au prix de mesures liberticides. Elle estime que la réforme des retraites reflète totalement la mentalité poussant à supprimer tous les espaces et temps offrant des abris face au grand jeu de la compétition. Dans son ouvrage, "Il faut s’adapter", elle se livre à la critique radicale d’un courant de pensée dominant marqué par la croyance que l’espèce humaine est défectueuse, inadaptée à l’environnement qu’elle a elle-même créé. D’où la volonté des néolibéraux d’utiliser la puissance de l’Etat pour réadapter la population à une compétition darwinienne sans entrave. Elle voit dans les crises de l’hôpital, de l’Education nationale ou encore de la Recherche, les purs produits de cette idéologie dont la violence a suscité l’émergence des Gilets jaunes et qui selon elle commence à prendre l’eau.

Les États sont complètement et viscéralement attachés au néolibéralisme et à son cortège de contraintes, à une indispensable compétition mondialisée, à une nécessaire adaptabilité de l’humain. Ils envisagent même de rembourser les dettes abyssales actuelles par un retour à la croissance ! Jean-Marc Jancovici, ingénieur français, consultant et spécialiste de l'énergie et du climat, s’alarme : "PIB ou CO², il faut choisir !" La démonstration a en effet été mille fois mise en évidence que le néolibéralisme détruit l’environnement, affecte notre santé et notre psychisme, entraîne la multiplication des maladies chroniques, provoque de plus en plus de burnouts, syndromes d’épuisement professionnel, et la libération de virus nocifs pour l’espèce humaine… comme en 2020 et avant.

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Un langage arrogant

« Le chef de l'Etat puise dans différents registres, populaire, sportif, sophistiqué et même marxiste, pour se forger un vocabulaire spécifique, une sorte de novlangue du "ni droite ni gauche", du "et de droite et de gauche". Il lance des expressions telles que "pognon de dingue" pour stigmatiser l’assistanat, "émancipation" pour évoquer la libéralisation, "premiers de cordée" pour nommer les riches. » Il affiche son mépris à l’encontre des opposants à la 5G dont l’argumentation est renvoyée à un modèle Amish. De nombreux mots utilisés dans le langage officiel relèvent de la "novlangue", un concept élaboré par Georges Orwell dans son ouvrage de fiction "1984" paru en 1949 et un outil de contrôle de la population. Si les mots habituels ont une racine ancienne dont on peut comprendre l’évolution par son étymologie, les mots utilisés-là n’ont pas de passé. Ils sont nés pour la plupart dans des bureaux de technocrates et servent à limiter la liberté de pensée des gens. Les discours tels que "nous sommes en guerre", les proclamations comme le "quoi qu’il en coûte" ne peuvent plus longtemps cacher la poursuite de réformes préparées dans la logique néo-libérale. Il est illusoire de prétendre se débarrasser des maladies virales et des maladies psychiques si rien n’est entrepris pour remonter aux causes et les traiter.

Le vivant magnifié

La philosophe Corine Pelluchon apporte une joyeuse fraicheur dans la morosité ambiante et projette une forte incarnation dans la réalité de notre vie terrestre avec son livre "Les Lumières à l’âge du vivant". Pour elle : "La Nature n’est pas un décor de l’Histoire mais une condition de mon existence". Elle insiste sur le fait que nous sommes des êtres corporels vivants ayant besoin d’air, d’eau, d’aliments, que nous dépendons des écosystèmes, que notre existence est matérielle et relationnelle et notre condition charnelle et terrestre. Elle souhaite réconcilier la transition écologique et la pensée des Lumières, la vulnérabilité des êtres et leur émancipation.

L’anthropologue et philosophe Bruno Latour décrit dans son livre "Où suis-je ?" l’ensemble des processus et des systèmes qui permettent en permanence la reproduction et les évolutions du Vivant au sein d’une mince couche située à la surface de la Terre qu’il nomme la "Zone critique". Si les êtres humains ont leur place dans ces processus complexes, ils n'ont jamais été des individus autonomes hors de tous les êtres vivants. Ils sont des "assemblages" de formes de vie qui, dans une grande mesure, les précèdent, les dépassent, les ignorent.

Le confinement a montré que nos sociétés ont des capacités de changement que l’on ne soupçonnait pas. Mais les États comme les individus cherchent tous comment se dé-confiner et revenir au "monde d’avant". Or, ce n’est plus possible car la crise sanitaire s’encastre dans la crise climatique. L’humanité doit cesser de s’aveugler et de poursuivre sur sa trajectoire funeste. Elle doit quitter sa position centrale et dominante et se replacer humblement au sein de la magie de la Vie. Les "Terrestres" que nous sommes doivent s’apprivoiser sur un sol où ils vont devoir désormais habiter autrement. Et "C’est à la société civile d’agir !"… pour amorcer la mutation.

 

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                                                                                     Léon-Etienne CREMILLE le 29 janvier 2021]