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DU RISQUE DE LA TECHNOLOGIE A LA SAGESSE DE L’HUMILITÉ

 

1. Les transhumanistes et leur projet d’immortalité

1.1.- Le jeu de go - J’ai lu dans Télérama N° 3447 de la semaine du 6 au 12 février 2016 qu’un algorithme (1) appelé Alpha Go, créé par la Société Google MindMind, a réussi à mettre en échec le meilleur joueur d’Europe du jeu de plateau originaire de Chine, le Go. [(1) : un algorithme est une méthode générale pour résoudre un ensemble de problèmes. C’est un mot qui vient du nom du mathématicien perse Al-Khawarizmi surnommé « le père de l'algèbre »].

Cette information peut paraître banale mais elle révèle en fait la finalité de la multinationale Google qui s’avère être l’un des architectes de la convergence et de la révolution NBIC [Nanotechnologies, Biotechnologie, Informatique et Cognitique] et soutenir le mouvement transhumaniste, né en Californie, dont le développement date des années 1980. Ray Kurzweil, le "pape" du transhumanisme, a été embauché par Google en 2012 pour faire du moteur de recherche la première intelligence artificielle de l’histoire. [https://humanoides.fr/2015/09/transhumanisme-3-questions/ & http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/04/18/google-et-les-transhumanistes_3162104_1650684.html].

1.2.- Le transhumanisme dit « H+ » - Ce terme a été inventé en 1957. Il repose  sur l’idée que le progrès technologique va permettre d’améliorer notre vie quotidienne et de dépasser notre nature humaine. Il regroupe deux courants, l’un qui veut bâtir un monde dans lequel l’humain aurait dépassé la mort biologique, notamment en trafiquant le génome ou en recomposant l’ADN, l’autre plus prudent qui veut développer des technologies de réparation et d’amélioration telles que des prothèses contrôlées par la pensée, des cœurs artificiels, des "oeils" bioniques, etc…

1.3. Le projet d’immortalité - Je relie ces informations avec une vidéo, envoyée par un ami en mars 2013, qui présente un exposé de Laurent Alexandre, chirurgien et urologue de formation, diplômé de Science Po, d'HEC et de l'ENA, pionnier d'internet, co-fondateur du site Doctissimo dans les années 90 [http://www.doctissimo.fr/], un homme hyperactif né le 10 juin 1960. Il est l’auteur en 2011 d'un essai intitulé « La mort de la mort » et il a présenté son exposé « Le recul de la mort » lors d’une conférence franchisé de TED [Technology, Entertainment and Design], une TEDx, qui s’est tenue à Paris en 2012 [http://buzztrotter.com/dis-cest-quoi-un-tedx]. Il a prétendu que les NBIC vont permettre de reculer la date de la mort jusqu’à pouvoir atteindre 1.000 ans et même d’accéder à brève échéance, bien que le vivant soit très complexe, à l’immortalité grâce à un scénario d’explosion technologique ! [https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=KGD-7M7iYzs].  Il imagine mettre des implants électroniques, des nano-implants, au cœur de nos tissus, de notre cerveau, réparer nos cellules, nos organes, créer des organes artificiels entiers, mettre en œuvre "la démocratisation du bricolage du vivant" à partir de 2015. Nous allons tous être séquencés dit-il, ce qui sera une formidable avancée en cancérologie, car il estime, sans l’ombre d’un doute, qu’une personne sur quatre humains aura un cancer dans sa vie. Ce constat terrifiant ne lui soulève hélas aucune interrogation de fond ! Sa vision repose en effet sur les vagues d’innovation technologique qui vont s’accélérer et sur le développement de l’ingénierie du vivant.

Bio- & Géo-Ingénierie, deux tentations qui manifestent l’orgueil ou l’inconscience de l’Homme dans sa fuite en avant technologique, en médecine et en climatologie, pour soi-disant régler les désordres qu’il crée par ses activités... sans même réfléchir à - et agir sur - leurs causes profondes.

2. Les blessures narcissiques de l’humanité et la recherche d’humilité

Philips Michel a écrit sur son blog le 28 décembre 2015 un article sur 4 blessures narcissiques infligées par la Science à l'Homme qui donc n’occupe plus la place centrale mais peut par contre s’émerveiller de l’immensité fabuleuse de l’Univers et du foisonnement mystérieux de la Vie.

2.1. La Terre n’est pas au centre du monde - Au début du 16ème siècle, la théorie copernicienne propose que la Terre tourne autour du soleil, renversant la représentation selon laquelle la terre était au centre du monde. Elle mettra 250 ans à être acceptée. Depuis qu’en plus on peut s’extraire de la Terre, on admire de belles photos de cette belle boule bleue qui flotte et se meut dans un Espace noir, cette véritable Oasis sur laquelle s’épanouit le buisson du Vivant.

2.2. L’homme n’est pas au faîte d’un arbre de l’évolution - Au 19ème siècle, la théorie de l’évolution darwinienne établit que l'Homme avec ses caractéristiques bien singulières n'est plus une créature à part mais fait partie de l'histoire commune du vivant. Il est au bout d’un rameau, à l’intérieur de la branche des grands singes, sans aucune hiérarchie par rapport aux autres espèces.

2.3. L’homme ne décide pas de tout avec sa volonté - En fin du 19ème et début du 20ème siècle, l’invention de la psychanalyse démontre que l’Homme ne régule pas totalement ses comportements par sa seule volonté, que certaines choses sont cachées en nous et nous influencent sans que nous le comprenions, qu’il existe en chacun de nous un inconscient, rebelle à notre conscience, un immense continent responsable de multiples petits et grands troubles.

2.4. L’homme ne vit pas qu’avec ses propres cellules - Très récemment, il a été découvert que l'Homme n'existe et ne vit, comme tous les organismes du monde vivant,  qu'à travers la présence en son sein d'un nombre incroyables de microorganismes, de l’ordre 100.000 milliards de bactéries, virus, champignons, un nombre 100 fois plus grand que celui de ses propres cellules. Ces alliés, qui nous colonisent dès la naissance, sont indispensables à notre vie qui serait tout simplement impossible sans eux. Ils fabriquent certaines vitamines et libèrent des hormones, comme la sérotonine, qui influencent notre cerveau et modifient nos "humeurs", nos comportements, nous aident à conserver les meilleurs défenses immunitaires possibles. Des chercheurs de l’INSERM montrent que l’altération de notre mode de vie et de notre environnement perturbe leur équilibre et déclenche ou favorise de nombreuses affections comme des maladies neuro-végétatives telles que Parkinson ou des maladies mentales telles que l’autisme.

2.5. L’homme ne doit pas regorger d’orgueil - L’homme est un mammifère ingénieux mais orgueilleux qui prétend vivre dans un monde technologique isolé de sa planète écologique. Il devrait se poser deux questions signifiantes sur sa nature profonde pour une destinée durable : "L'humanité peut-elle croître et survivre sans l'humus de l'humilité ? La reconnaissance et l'acceptation de cette racine vitale n’est-elle pas, pour une humanité digne de ce nom, la clé de son devenir ? Les mots "humilité" et "humanité" sont en effet liés par leur racine commune, "humus", un terme latin issu du grec "khamai" ("ksam" en sanskrit, "dghem" en indo-européen) qui a un rapport à la terre dans le sens de "sol" de même que "Adam" signifie dans les langues sémitiques "humanité, homme" mais également "argile, glaise, terre".Nous n’aurons un avenir que par acceptation de nos origines [https://www.facebook.com/Des-Racines-et-des-Lettres-359115577569753/].

                                                                                                                                  Léon-Etienne CREMILLE le 18 février 2016