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JE CONSOMME, TU CONSOMMES,  NOUS CONSOMMONS…
LE CONSUMERISME, C’EST QUOI ? EST-CE DURABLE ?

(à partir des écrits de Bernard STIEGLER, philosophe et essayiste français)

1. Les grandes étapes

1.1. La mise au point de la  machine à vapeur

Vers la fin du XVIIIème siècle, deux anglais, un ingénieur, James WATT, et un entrepreneur, Matthew BOULTON, mettent au point la première machine à vapeur exploitable. Ce fût l’évènement fondateur de l’économie industrielle et de l’innovation. Avec le machinisme et l’apparition de la technologie, l’industrie va connaître de perpétuelles transformations. Elle va innover sans cesse, produire du nouveau. Mais la compétition économique entraîne une baisse tendancielle du taux de profit.


1.2
. La conception du consumérisme
 

1908 : année historique où l'automobile entre dans la grande série aux E.U.

Au début du XXème siècle, Henri FORD, industriel américain et pionnier de l’industrie automobile, conçoit un autre modèle industriel, le consumérisme, qui a donné naissance à "l'american way of life", "le mode de vie américain", qui fait du bien-être et du confort ses valeurs cardinales, et qui repose sur une nouvelle organisation de l'innovation. La notion de consommateur est née.

Le consumérisme est une forme de capitalisme pour lequel il ne s'agit plus seulement de mettre au point de nouveaux produits, mais aussi de nouvelles manières de "les vendre à tous et dans le monde entier". Le consumérisme, c'est le triomphe du marketing, consubstantiel à ce nouvel âge de l'innovation: vendre n'importe quoi à n'importe qui.

 

Ford T produite par la Ford Motor Company
entre 1908 et 1927


1.3. Les définitions de base

Il est étonnant de constater que les deux mots, consommer et consumer, ont la même racine latine "consumere" qui signifie DETRUIRE [cf LE PETIT ROBERT] :
Consommer, "c’est amener une chose à sa destruction en utilisant sa substance ; c’est aussi faire un usage d’une chose qui la rend ensuite inutilisable".
Consumer, "c’est dissiper complètement, l’argent, la nourriture ; c’est aussi épuiser complètement les forces de quelqu’un".
Le consommateur, c’est la personne qui utilise des marchandises, des richesses, des services, pour la satisfaction de ses besoins.


1.4. Les effets du consumérisme sur le consommateur

Ce modèle, qui détourne tous les désirs du consommateur vers les objets de consommation, s’est tout d'abord développé de manière heureuse car il a entraîné le plein emploi. Mais il s’est rapidement transformé en en une machine à détruire "la libido" et en une consommation d’addiction, fondée sur la satisfaction immédiate des pulsions. Le résultat est que la société de consommation ne devient plus productrice de désirs mais de dépendances. Ce modèle est devenu dangereux. Le consommateur y devient en effet malheureux comme peut l'être le toxicomane qui dépend de ce qu'il consomme mais déteste ce dont il dépend. D'où une frustration grandissante et des comportements qui inquiètent comme la destruction de la structure familiale, la peur des adultes à l'égard de leurs propres enfants ou une déprime généralisée.

 

Pour innover, il faut sans cesse conquérir des marchés, si bien que tout devient marché. Or, généralement, ce qui fait la valeur de la vie (aimer quelqu'un, admirer une oeuvre, défendre une idée...) n'a pas de prix : les objets du désir sont par structure infinis, c'est-à-dire incalculables. En les soumettant au marché, on détruit le désir qui est réduit à un calcul. Cela produit une société démotivée, qui a perdu toute confiance en elle, où il n'y a plus de relations sociales et où triomphe le contraire du désir, à savoir la pulsion : la guerre de tous contre tous, une société policière, une société très dangereuse.


1.5. Les effets du consumérisme sur la société et sur la planète

N'est-ce pas la consommation elle-même qui fait problème aujourd'hui ? Le modèle économique de cette innovation n'est plus viable puisque la consommation y est soutenue par des moyens toxiques : le surendettement organisé fabrique des consommateurs irresponsables. En outre, le consumérisme est aujourd'hui proposé comme idéal à la terre entière alors que les ressources de la planète ne sont pas inépuisables. Le consumérisme détruit notre santé et la planète. Nous rejetons des déchets polluants qui compromettent l'avenir de nos enfants tout en lésant les milliards de gens qui meurent de faim dans le monde... Ce modèle ne peut pas être "mondialisé". Le temps est bien fini du rêve américain, qui promettait progrès et bonheur pour tous par le marché : tout cela aboutit à la crise de 2008. Cent ans après le succès de la Ford T, le fordisme, apparu en 1908, est épuisé.

 En finir avec les embouteillages et les pollutions toxiques
Adopter d’autres moyens de déplacements!

                             Léon-Etienne CREMILLE, le 4 novembre 2009
                            
A suivre…