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« C’EST DECIDE ! CET ÉTÉ, JE VAIS BOUGER… MAIS A PIED »

 

1. La trop longue position assise quotidienne des habitants européens

Une étude sur l’activité physique et sportive des européens conduite dans 8 pays par l’association Prévention Attitude, en collaboration avec l’Institut de Recherche Biomédicale et d’Epidémiologie du Sport (IRMES) dirigée par le professeur Jean-François Toussaint, a fait l’objet d’une conférence européenne intitulée : "Prévenir la sédentarité, où en est-on en Europe ?" Elle a été relatée dans les journaux et radios des 29 et 30 mai 2018. Elle avait deux objectifs, l’évaluation du niveau de sédentarité des Européens et le degré de connaissance de ses méfaits pour leur santé.

Les résultats s’avèrent inquiétants. Le nombre d’heures passées assis dans une journée est de 7h26mn en moyenne pour les 8 pays avec des écarts qui vont de 8h13mn pour les Britanniques à 5h50 mn pour les Finlandais. Les Européens ne bougent presque plus de la position assise qu’ils soient sur leur chaise de salle à manger, leur canapé de salon, leur fauteuil de bureau, leur siège de voiture, de camion, de moto, d’avion, de tracteur et même de tondeuse ! Dans leur temps libre, ils privilégient des activités sédentaires, de 60% pour les Néerlandais à 51% pour les Portugais, des activités de loisirs dans lesquelles ils sont assis, comme surfer sur Internet ou s’adonner à des jeux vidéos, au détriment des activités physiques. Un nombre élevé d’entre eux, 72% des Européens en moyenne, allant jusqu’à 80% pour les Allemands, sous-estiment les risques de santé et de mortalité dus à la sédentarité. D’après l’OMS, on dénombre 600.000 décès par an en Europe attribués à cette cause. [https://www.attitude-prevention.fr/presse/etude-2018-sedentarite-activite-physique-sante-europe]

2. La surprenante évolution "en cloche" de l’espèce humaine européenne

L’espèce humaine est certainement celle qui fût la moins bien lotie parmi les mammifères pour survivre. Sa peau est glabre, son flair quasi-nul, sa vue faible la nuit, son ouïe restreinte, son goût limité, son toucher délaissé. La sélection naturelle aurait dû éliminer très vite cette espèce. Mais par une remarquable pirouette de l’évolution, cette espèce a pu se mettre debout sur ses deux pattes arrière, libérer ses deux membres supérieures pour l’accomplissement de multiples tâches inédites, et favoriser un développement fabuleux de son cerveau. L’espèce a su créer des outils de plus en plus nombreux et complexes et développer des civilisations très élaborées, cependant toutes mortelles. Aujourd’hui, elle en est arrivée à établir une civilisation technologique extrêmement poussée qui s’est étendue sur la Terre entière mais qui met en péril l’essence même de la Vie. Les espèces animales et végétales disparaissent à grande vitesse. L’espèce humaine elle-même biologiquement dépendante pendant plusieurs années après la naissance et psychologiquement dépendante pendant sa vie entière est en danger. Elle se recroqueville sur elle-même en position assise… sans en prendre conscience.

 

Rester assis nous tue ! Nous vivons de moins en moins longtemps en bonne santé, un moment grave dans l’histoire de l’humanité ! Il y a un indicateur dont les médias ne parlent que très peu : “l’espérance de vie en bonne santé” (ou espérance de vie sans incapacité) qui baisse depuis 2006. Notre style de vie nous tire chaque jour vers le bas… Nous allons vivre en moins bonne santé que nos ancêtres. Le corps humain n’est pas conçu pour rester assis pendant des heures    [https://www.nouvelhomme.fr/travailler-debout/]. En outre, en partie à cause des perturbateurs endocriniens vendus et utilisés partout, le niveau d’intelligence baisse, l’autisme progresse, dans les nouvelles générations d’enfants, et les maladies dégénératives dont Parkinson se généralisent.

L’humain est donc devenu un mammifère "assis" qui est désormais assisté, encombré, par mille gadgets. Il perd de ce fait ses facultés de vigilance à cause de la présence active et permanente de robots qui envahissent sa vie et accomplissent de plus en plus de tâches quotidiennes à sa place. Plus inquiétantes encore, les relations humaines, sociales et même amoureuses, sont de plus en plus systématiquement dictées par des algorithmes qui prennent les décisions à la place des individus. Le risque et l’imprévu, les sels de la vie, sont abrogés. L’humain devient un citoyen impuissant dans le fonctionnement de la cité, un producteur soit inutile soit surexploité dans la société 2.0, un consommateur consentant d’objets inutiles, un utilisateur addictif de jeux abêtissants, un spectateur passif de sports de haut niveau.

L’humain est de plus en plus réduit à un rôle passif dans sa vie quotidienne et il bouge ! Plus exactement, il s’enfuit. Il court vivre dans des mondes clos, fabriqués de toutes pièces, des mondes virtuels, des lieux hors-nature, des non-lieux hors-sol, des aéroports identiques sur la terre entière, des parcs d’attraction où règne le rêve dirigé, des centres commerciaux dits "lieux de vie" où se mélangent art et marchandise, des "centers parcs" pour lesquelles sont défrichées des forêts et sont installées des atmosphères artificialisées et aseptisées.

3. L’absolue nécessité de bouger son corps et son esprit

3.1. Bouger peut signifier rester assis lontemps

Le Tourisme a pris un essor fantastique. En 2017, le tourisme international a progressé de 7 %, soit « le meilleur résultat jamais atteint depuis sept ans », se félicitait au début de l’année l’Organisation Mondiale du Tourisme, qui prévoit pour 2018 une nouvelle hausse de 4 % à 5 %. De nombreux Français aiment la douceur de vivre de la Thaïlande, la gentillesse des habitants, le sable fin de ses plages, et ils la privilégient comme une destination majeure. Mais le Vol Paris Bangkok d’une distance de près de 9.500 km, qui peut s’effectuer d’une traite sans escale en Airbus 380 en 12 heures environ, entraîne une journée complète de 24 heures "assis" sur un Aller et Retour. Et sur place que fait-on ? Bouge-t-on beaucoup sur la plage dans la journée et dans les bars et les  restaurants le soir ?

Décollage vers des vacances en Thaïlande avec trajet assis pendant 12 heures !

Île de Ko Phi Phi Le (Mer d’Andaman) mondialement connue par le film "La Plage" Inhabitée mais envahie par des touristes peu mobiles (Plage de Maya Bay)

 

3.2. Bouger, c’est surtout marcher et pas forcément très loin

Voyager dans des pays lointains ? Voyager immobile, chez soi ? Bouger à pied, en randonnées ? Faire de longues marches ? Trekker ? Bernard Ollivier, grand marcheur à partir de sa retraite, écrit : "L’aventure est au coin de la rue. Ce n’est pas une question de kilomètres mais de regard". Il a pourtant fait des périples étonnants et passionnants, notamment la route de la soie en 4 ans, de 1999 à 2002, par étapes de 4 mois et de 3.000 km par an, soit 12.000 km entre Istanbul en Turquie à Xi’an en Chine, terminant son périple en 2013, avec sa nouvelle compagne, Bénédicte Flatet, de Lyon à Istanbul, à travers l’Italie, les Balkans, dans les pays de l’ex-Yougoslavie, soit 3.000 km.

Le récit est un appel à plus de fraternité et une magnifique déclaration d’amour

 

Bernard Ollivier, nous met en garde contre la sédentarité. Il nous avertit : "Nous sommes des animaux fabriqués pour la marche. Mais le progrès nous a fait régresser. Dans une journée moyenne, un employé de bureau n’est même pas une heure sur ses pieds. On mène une vie de cul-de-jatte ! Or, le corps s’use que si l’on ne s’en sert pas". Il ajoute : "Il y a une fonction thérapeutique dans la marche, pour le corps et pour la tête. Ce n’est pas un hasard si toutes les religions pratiquent le pèlerinage. C’est une activité spirituelle." Alors ! En partance à pied sur les chemins de randonnée cet été ?

                                                                                          Léon-Etienne CREMILLE le 10 juin 2018