C’EST QUOI LA VÉRITABLE TRANSITION ÉCOLOGIQUE ?

                  CE N’EST PAS CE QU’EN AFFIRMENT LES TENANTS ACTUELS DE LA POLITIQUE

    Un court rappel historique sur un évènement crucial de 1789

    Lorsque la Révolution française commence, le roi Louis XVI fait un « déni de réalité ». C’est le roi le moins armé pour affronter les événements à cause de sa faiblesse de caractère, sa naïveté politique, ses scrupules maladifs, ses perpétuels changements d’avis, alors que face à lui la période fait naître une série de grands premiers rôles, dignes de l’événement majeur de notre histoire.

                                                  

                      Prise de la Bastille le 14 juillet 1789 - Petite Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1883), Victor Duruy

 

Un bref dialogue résume bien la situation. Le grand maître de la garde-robe s’est permis de se manifester dans la nuit, pour informer le roi que la Bastille est prise et le gouverneur assassiné. Il a compris
l’importance symbolique du fait mieux que son maître qui a noté sur son carnet le 14 : RIEN.

LOUIS XVI : « Mais c’est une révolte ? »

LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT : « Non, Sire, c’est une révolution ! »

 

Des évènements récents sur la période 2018-2019

Lors de l’annonce de sa démission sur France Inter le 28 août 2018, Nicolas Hulot a déclaré : "Quand on recherche une croissance à tout crin, quand on s’évertue à entretenir voire à réanimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous les désordres, sans regarder ce qui appartient à la solution et ce qui appartient au problème, ce n’est pas bon pour la planète". A-t-on changé quoique ce soit depuis 6 mois ? NON ! Lors d’un débat à Gréoux-les-Bains le 7 mars 2019, un jeune intervenant du collège de Saint André-les-Alpes (Alpes de Haute Provence) a posé plusieurs questions au Président sur le déversement de déchets industriels dans la mer, sur les pesticides épandus sur les sols, sur les déchets électroniques envoyés au Nigéria, sur les déchets plastiques qui polluent la planète. Il a posé en conclusion la question : "Vous pensez que l’on peut acheter une nouvelle planète avec de l’argent". Emmanuel Macron a d’abord répondu qu’il n’avait pas le pouvoir sur tout, osant au passage dire que beaucoup d’agriculteurs bio utilisent des pesticides. Il poursuit : « Je ne peux pas dire du jour au lendemain : tout le monde passe d’un modèle à l’autre, c’est impossible. Ce qu’on doit faire, c’est une transition. Une transition, c’est le passage d’un modèle à l’autre, le passage à un modèle qui produit et qui intègre la totalité de ses effets sur l’environnement. Le modèle du "tout-argent" est terminé. » https://www.facebook.com/pg/brutofficiel/about/?ref=page_internal

A la suite de ce propos, une internaute a commenté la prestation du Président : « Ce que j'observe chez notre président c'est d'une qu'il a une éloquence extraordinaire ça on ne peut pas lui enlever (il pourrait faire passer une décharge pour une œuvre d'art), de deux qu’il ne se démonte jamais (il a vraiment réponse à tout) mais le souci c'est qu'ensuite concrètement il n'y a RIEN, aucunes solutions concrètes. Constater des faits c'est bien, proposer des solutions c'est encore mieux. Mais cet aspect-là ne l'intéresse pas sinon ça aurait été fait depuis longtemps. Autrement dit il entend, il comprend, il parle beaucoup et pour ne rien dire au final de concret hormis de belles phrases avec de jolis mots. »

Le Grand Débat National dans le cadre du néo-libéralisme du 15/01 au 15/03 2019

Au cours du 1er trimestre 2019, le gouvernement a proposé aux citoyens un Grand Débat National articulé autour de quatre thèmes. Sur celui de la transition écologique, les 17 questions proposées se sont révélées bien trop corsetées, enserrées, à l’intérieur du cadre traditionnel actuel, sans aucune perspective. Elles se sont limitées à des demandes d’avis et de comportements de la part de citoyens face à des situations qui restent confinées à "des modèles périmés" dans le système actuel. La question 15 est la plus significative de l’état d’esprit des auteurs du questionnaire : "Que faudrait-il faire pour protéger la biodiversité et le climat tout en maintenant des activités agricoles et industrielles compétitives par rapport à leurs concurrents étrangers, notamment européens ?"

Dans cette formulation se dévoile toute l’ambiguïté de la démarche entreprise qui relève de l’oxymore, une figure de style qui vise à rapprocher deux termes que leurs sens devraient tenir éloignés, à la source même du maintien de tous les dérèglements et de toutes les inégalités. C’est une pratique habituelle chez ceux qui prétendent changer sans vouloir changer. Dès le début des années 1990, les tenants de l’agriculture industrielle ont utilisé ce procédé. Ils ont prétendu lutter contre la pollution diffuse des eaux tout en exigeant de rester dans le système économique actuel. De fait, les pollutions des eaux n’ont absolument pas diminuées. Elles restent toujours aussi élevées depuis 30 ans !

Toutes les tentatives d’émergence actuelles de techniques écologiques se heurtent frontalement au système économique néolibéral basé sur une idéologie de la concurrence, de la croissance, de l’individualisme, de la rentabilité, du profit. Dans ce système, les techniques proposées sont l’occasion de créer des industries capitalistes rentables qui rapportent beaucoup d’argent et permettent de verser des dividendes à des actionnaires. Les installations actuelles d’éoliennes, de panneaux solaires, ne remplacent pas les énergies fossiles ou nucléaires mais viennent s’ajouter aux énergies déjà en place.

Un probable effondrement du système économique dans les prochaines années

Invité de l’émission "C Politique, la suite" ce dimanche 17 mars, Pablo Servigne, auteur, avec d’autres, du livre COMMENT TOUT PEUT S’EFFONDRER, se situe dans une toute autre perspective, réaliste. Il a expliqué leur méthode, la collapsologie (du latin collapsus qui est tombé d’un seul bloc) qui consiste à rassembler tous les indices de ce que chaque discipline scientifique a découvert comme effondrements. Et de fait, de plus en plus de chercheurs ont relevé des signes tangibles de toute une série d’effondrements déjà en cours, les plus récentes observations concernant le déclin, et même leur disparition massive en milieu agricole, de nombreuses espèces d’oiseaux. L’ensemble de ces effondrements partiels qui surviennent en plusieurs endroits distincts peuvent s’agglomérer, s’amplifier et entraîner un "risque systémique global", la mondialisation ayant créé une planète entièrement interconnectée. L’enjeu crucial est d’arriver à détecter les risques avant-coureurs des changements catastrophiques pour pouvoir les anticiper et réagir à temps. Il s’agit "d’apprendre à reconnaître la fragilité d’un système qui approche un seuil de basculement, celui-là même qui ouvre la voie à la petite étincelle et à un immense incendie". La notion de transition écologique apparaît bien obsolète !

                                                                                                    Léon-Etienne CREMILLE le 19 mars 2019


 

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