Mais
que se passe-t-il donc dans les ramières ?
Depuis la première semaine de janvier les tronçonneuses
ronronnent dans les ramières du Roubion le long du chemin
de la Moutette entre Saint-Gervais et Bonlieu. Des riverains
inquiets sont allés se renseigner et constater l’ampleur
des coupes en essayant de trouver quelques explications : Le
bucheron se défend en parlant de coupes « raisonnées
» de bois blancs, des souches qui feront rapidement des rejets,
et qu’au printemps tout sera comme avant. En fouillant sur Internet,
on s’aperçoit que le Syndicat Mixte du Bassin du Roubion
et du Jabron (SMBRJ) se justifie déjà en 2016 en
donnant la piste « bois-énergie, biomasse » : Dans
une lettre du 28/01/2016, Robert Palluel, Président du SMBRJ,
informait les maires des communes du bassin versant Roubion-Jabron-Riaille
que l’exploitation du bois dans les ramières n’était pas
du ressort et des compétences du SMBRJ : « Avec le
développement des filières bois (Bois-énergie, biomasse,
industries, construction), de très nombreux propriétaires
riverains des cours d’eau possédant des parcelles boisées
sont aujourd’hui démarchés par des entreprises forestières
pour l’exploitation du bois des ramières (peupliers blancs,
peupliers noirs,…). Des coupes rases de régénération
réalisées avec des engins lourds sont pratiquées
le long du Roubion par les propriétaires depuis quelques
années en période hivernale. » ¹ Qui
des propriétaires forestiers locaux ne se laisseraient pas
tenter par les propositions alléchantes de ces entreprises
forestières qui proposent de racheter le bois un peu plus
que le prix du marché? De plus elles agissent sous couvert
d’arguments de développement durable et biodiversité…
et sont légales vu le laxisme de la réglementation
des coupes simplement gérée par un arrêté
préfectoral. Il semblerait en effet que ces coupes se
multiplient depuis la mise en service de la centrale « biomasse
» de Pierrelatte. Cette centrale produisant de la chaleur
et de l’électricité a été mise en service
fin 2012 pour combler la perte du réseau de chaleur consécutif
à l’arrêt de l’usine d’enrichissement d’uranium Georges
Besse I par Areva. Les eaux chaudes rejetées par l’usine
étaient alors récupérées au profit d’un réseau
de chaleur qui alimentait un quartier de Pierrelatte, des serres
agricoles et aussi la ferme aux crocodiles de Pierrelatte. Une
centrale surdimensionnée La centrale doit consommer jusqu’à
150 000 tonnes de bois par an. Dès les débuts du projet,
la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes pour la
protection de la nature) dénonçait une « logique
méga-industrielle […] qui va consommer des quantités
pharamineuses de bois » et mener à une « catastrophe
écologique à court-terme : surexploitations des
milieux forestiers, coupes rases, puis transport et importation
massive de bois ». De fait, depuis la mise en service de
la centrale, plusieurs coupes sauvages ont été constatées dans
la Drôme qui compte de très nombreux sites Natura 2000.
Les conséquences sur la biodiversité locale
s’avèrent importantes. Tout récemment, c’est à
La Gare des Ramières, une réserve naturelle, que des
coupes à blanc ont été découvertes par
le gardien du site. Les probabilités sont fortes que ces
coupes servent directement à fournir la centrale à
proximité. ² –
1- extrait de : cities.reseaudescommunes.fr/cities/155/documents/xhzcuwt26ifcey7.pdf 2_ extrait
de l’article Reporterre : https://reporterre.net/La-centrale-biomasse-de
Natura 2000, qu’est-ce que c’est
?
Le réseau Natura 2000, constitué d’un ensemble
de sites naturels, terrestres et marins, vise à assurer la survie
à long terme des espèces et des habitats particulièrement
menacés, à forts enjeux de conservation en Europe.
L’objectif de la démarche européenne, fondée
sur les directives Oiseaux et Habitats faune flore, est double
: la préservation de la diversité biologique
et du patrimoine naturel : le maintien ou le rétablissement
du bon état de conservation des habitats et des espèces
s’appuie sur le développement de leur connaissance ainsi
que sur la mise en place de mesures de gestion au sein d’aires
géographiques spécialement identifiées, les
sites Natura 2000. Le maillage de sites s’étend sur tout
le territoire de l’Union européenne pour une politique cohérente
de préservation des espèces et des habitats naturels
la prise en compte des exigences économiques, sociales
et culturelles, ainsi que des particularités régionales
: les projets d’aménagements ou les activités humaines
ne sont pas exclus dans les sites Natura 2000, sous réserve
qu’ils soient compatibles avec les objectifs de conservation
des habitats et des espèces qui ont justifié la désignation
des sites. La France s’est attachée à valoriser
le patrimoine naturel des territoires en encourageant la prise de conscience
collective des enjeux écologiques dans les gouvernances des
territoires. Il s’agit notamment d’articuler les différentes
politiques et dispositifs de gestion des territoires en tenant compte
du rôle et de la responsabilité des acteurs, à
travers des actions de concertation ou de partenariat. La sensibilisation
et l’éducation du grand public aux enjeux de la biodiversité
tient une place essentielle. La dynamique d’un tel réseau
nécessite une animation soutenue des réseaux d’acteurs,
favorisant les échanges et les bonnes pratiques. ³
Le
site NATURA 2000 Rivière du Roubion
L’arrêté du 17 octobre 2008 signé par le
Ministre d’Etat de l’écologie de l’époque Jean-Louis
Borloo, désigne comme « Site Natura 2000 RIVIERE
DU ROUBION » ( zone spéciale de conservation FR8201679) l’espace
délimité s’étendant sur une partie du territoire
des communes suivantes : Bonlieu-sur-Roubion, La Bégude-de-Mazenc,
Charols, Cléon-d’Andran, La Laupie, Manas, Montélimar,
Pont-de-Barret, Saint- Gervais-sur-Roubion, Saint-Marcel-les-Sauzet,
Sauzet, Savasse. » Ces zones spéciales de conservation
ont pour objectif la conservation de sites écologiques présentant
des habitats naturels d’intérêt communautaire ainsi
que de la faune et la flore pour leur rareté et le rôle essentiel
qu’ils tiennent dans l’écosystème. Et puis qu’en
est-il des bonnes pratiques, des échanges et de l’animation
de ce site à Saint-Gervais ? Madame Carole Ray-Barmann,
Responsable Pôle Espaces naturels à la Direction Départementale
desTerritoires de la Drôme (DDT) regrette qu’il n’y ait aucunes
animations concernant le site Natura 2000 Rivière du Roubion… Mais
au fait qui en est le responsable local Natura 2000 censé
appliquer ces bonnes pratiques ? (4)
Conclusion Nos ramières classées Natura 2000
sont sacrifiées pour une centrale surdimensionnée
qui fonctionne mal et perd même de l’argent (5)… financée
par des aides de l’état au nom de la transition énergétique sous
couvert de la protection de l’environnement et de la réduction
du réchauffement climatique… Les nombreux Saint-Gervaisiens
qui aiment se promener le long du chemin de la Moutette constateront d’eux-mêmes
que si des propriétaires de parcelles boisées font
couper leurs arbres, d’autres paysans plus raisonnables que «
raisonnées » en plantent. Merci à ces derniers.
Le
Collectif des Amis des Ramières
³ https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/reseau-europeen-natura-2000-1
4- Le Syndicat Mixte du Bassin du Roubion et
du Jabron 5- Article Dauphiné Libéré
: http://www.ledauphine.com/drome/2015/11/28/quel-est-le-problemeavec-
la-centrale-biomasse Les
ramières de Saint-Gervais le long de la Moutette – janvier
2018 Lorsque toutes les ramières auront-été
coupées, faudra-t-il aussi sacrifier nos forêts
face à l’appétit féroce de ces énormes
chaudières industrielles en plein développement
?
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