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Dès que le Printemps revient,

Les pulvérisateurs s’en vont sur les chemins

 

Nous étions insouciants en 1964 ! Nous écoutions et fredonnions avec enchantement la chanson d’Hugues Aufray "Dès que le Printemps revient" dont voici quelques phrases :

Les filles sont jolies
Dès que le printemps est là 

Je repense à ses yeux
Dès que le printemps est là

Je crois la retrouver
Dès que le printemps est là

 

1. Contexte actuel

Nous n’avions pas encore pris conscience en cette année 1964 qu’émergeait un nouveau SYSTEME de production agricole de type "industriel", basé sur une utilisation exclusive de semences hybrides et sur une utilisation massive et concomitante d’engrais, d’eau et de pesticides. Ce nouveau modèle, conçu par l’Etat et le Syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, a été volontairement inféodé au monde industriel et il s’est de plus en plus développé au cours des 50 dernières décennies. Il transforme les agriculteurs en opérateurs de donneurs d’ordre, de fournisseurs et de débouchés de l’industrie. Premier consommateur européen de pesticides, la France rechigne à revoir en profondeur sa politique agricole malgré l’impasse dans laquelle elle s’obstine. L’usage des pesticides a en effet augmenté de 2,6 % pour les traitements par pulvérisations et de 7 % pour les enrobages de semences entre 2008 et 2010, démentant l’objectif de le diminuer de moitié d’ici 2018.

Le Printemps signifie toujours l’arrivée des beaux jours. Il correspond hélas désormais avec l’arrivée des pesticides sur les champs. A peine le 20 mars est-il passé que les  distributeurs d’engrais épandent, que les pulvérisateurs pulvérisent, que les arroseurs arrosent. Des techniciens dictent jour après jour ce que les uns et les autres doivent faire. Un jour, ils traitent tous leurs blés ! Un autre jour, ils traitent tous leurs ails ! Un cycle infernal de pulvérisation et d’arrosage s’installe. Le système agro-industriel accapare toutes les plaines en répandant ses pesticides dans l’atmosphère. Tous les citoyens sont pris en otage ! Il leur devient difficile et pénible de se déplacer  dans la campagne car ils sont toujours en situation de recevoir soit un jet d’eau soit une bouffée de poison. Les abeilles aussi sont prises en otage. Il vient d’être démontré que l’enrobage systématique des semences par des pesticides, une pratique ABERRANTE, désorganise leur système d’orientation et les tue.

2. Paysans, relève la tête, ta liberté fout le camp (retranscription fidèle de l’écrit sur le panneau)

Ce slogan est affiché sur le chemin départemental entre Puy-St-Martin et La Répara-Auriples, le CD 6. Oui ! Les "paysans" doivent relever la tête car ils sont les premiers malades, les premières personnes touchées dans leur corps par les pollutions dues aux pesticides. Leur prise de conscience émerge.

Un film poignant, "La mort est dans le pré" a été diffusé le mardi 17 avril sur France 2 :


http://cdurable.info/Congres-Pesticides-Sante-Paris-Semaine-sans-Pesticides-2012.html

http://www.pluzz.fr/la-mort-est-dans-le-pre-2012-04-17-22h40.html

 

Dans ce film "La mort est dans le pré", un agriculteur nous parle au milieu de ses immenses champs de maïs. Il dit : "Les responsables savent ce qui se passe et ils ne font rien. C’est un grave problème de santé publique pour nous et pour les générations futures." Lui, il est malade et il n’est pas le seul. Des centaines d’agriculteurs français, souvent jeunes, sont frappés, victimes des produits phytosanitaires que l’on croyait "anodins". Issus de l’école agricole intensive, ils utilisent les pesticides depuis les années 1950 sur leurs exploitations jusqu’au jour où les maux de tête, la fatigue, les comas successifs, les ont conduits à l’hôpital. Diagnostics : maladie de Parkinson, leucémie, cancers, Syndrome myéloprolifératif, etc… : Les agriculteurs, victimes d’un immense scandale sanitaire, celui des pesticides, tombent malades et meurent en silence.
 

Il est démontré que les agriculteurs sont en train de "crever", qu’une énorme épidémie arrive, analogue à celle de l’amiante, ce produit mortel qui a pourtant continué à être utilisé pendant des dizaines d’années alors que des centaines de morts étaient déjà comptabilisés. Et là aussi, RIEN n’a vraiment évolué jusqu’à présent parce qu’une connivence existe entre tous les "acteurs" du système pour conserver ce mode d’agriculture. Les agriculteurs ont été entraînés et sont tombés dans un "piège chimique" dont ils ne peuvent que difficilement s’extraire. Ils ont décidés de se battre, de faire reconnaître les atteintes dues aux pesticides comme maladies professionnelles. Le 19 mars 2011, il y a un peu plus d’an, une soixantaine de personnes se réunissaient à Ruffec pour créer l’association Phyto-Victimes. Ses représentants et son Président, un agriculteur, Paul François, ont été reçus au récent Salon de l’agriculture par le Ministre qui a pris l’engagement d’interpeller la MSA (Mutualité Sociale Agricole) pour la prise en charge des victimes des pesticides [http://www.phyto-victimes.fr/].

    3. Présence généralisée de pesticides dans tout l’environnement

Un article récent intitulé : PESTICIDES, TOUS CONTAMINES ?, publié dans la revue "Lyon Capitale" d’Avril 2012, présente "Kudzu Sciences", un laboratoire alsacien, qui vient de lancer des tests à destination du grand public afin de déterminer les expositions aux polluants externes. Il utilise un procédé simple. Il suffit d’envoyer au laboratoire une petite mèche de cheveux selon des conditions dûment décrites http://www.kudzuscience.com/Content/GenericContent.aspx?Obj=Customer_GenericContent_Pesticides_et_sante

Le journal a fait un test sur huit individus aux habitudes de vie différentes situés à Lyon, dans la région lyonnaise et à Valence. Les résultats sont inquiétants. Aucune des huit personnes n’est exempte de pesticides. De sept à onze pesticides sont retrouvés ! Le responsable du laboratoire informe même que, d’après les études antérieures, un à vingt-trois pesticides sont détectés dans les échantillons de cheveux. L’ANSES, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail, déclare dans son rapport d’Octobre 2010 : "Les données analytiques témoignent d’une présence généralisée des pesticides dans notre environnement". 

Un Congrès "Pesticide et Santé" s'est tenu au Palais du Luxembourg les 23 et 24 mars 2012 sur le thème : Quelles voies d'amélioration possibles ? Ghislaine Bouvier de l'Université de Bordeaux a traité de l'exposition aux pesticides et des effets sur la santé des riverains d'exploitations agricoles lors de la Session 2 sur le thème "Pesticides et risques sanitaires chez les non-utilisateurs"

 4. Semaine pour les Alternatives aux Pesticides

Née en France en 2006 à l’initiative de l’association Générations Futures et d’un collectif de 170 associations, l’Action Citoyenne pour les Alternatives aux Pesticides (ACAP), la 7ème édition de la "Semaine" eut lieu cette année du 20 au 30 mars 2012 avec la santé au cœur des manifestations. Elle a visé à remettre en question le modèle agricole français et sa forte dépendance aux pesticides. Plus de 600 évènements très variés ont eu lieu partout en France et dans 18 pays. Ils ont convergé vers le même objectif : "informer sur les risques des pesticides et promouvoir les alternatives aux pesticides". Tous les publics ont été concernés, les consommateurs-citoyens, les agents communaux, les agriculteurs, les entreprises, les enfants, les jardiniers amateurs, etc… François Veillerette, le porte-parole de Générations Futures, a précisé que : "Pour la première fois, les victimes des pesticides, professionnels et particuliers, ont été au coeur de ce mouvement. La question des effets des pesticides sur notre santé ne pourra plus être passée sous silence." Un mouvement est maintenant engagé qui doit conduire à une suppression de ces produits nocifs.

Léon-Etienne CREMILLE le 24 avril 2012