EN PRÉAMBULE
Vivre au
Pays!
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J'ai souvent pensé à cette phrase au cours de ma vie: "Les lumières du
port ne s'allument pas pour moi". Je n'avais en effet pas
encore jeté l'ancre dans un lieu qui me plaisait. Je pense
que j'ai désormais trouvé mon port. Je me sens bien à St
Gervais-sur-Roubion dont je parcours le territoire depuis 5
ans maintenant. J'aime ses habitants, aimables, avenants,
qui disent "Bonjour" quand je les croise dans la rue, des
gens que je sens simples, comme moi. Ça me touche cette
amabilité naturelle. Je me "sens" désormais de cette belle
région, dont la plaine est sertie de montagnes magnifiques,
dont on ne sort qu'en passant un col (sauf du côté de
Montélimar bien sûr), de ce Pays de lumière que j'ai tant
apprécié lors des mes "déplacements" professionnels alors
que j'habitais encore à Lyon. Oui! Nous sommes ici en
Terre de Lumière. Nous sommes en Drôme provençale!
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J'ai hélas des différends importants avec les élus des Chambres
d'agriculture que j'ai côtoyés durant 20 ans dans l'exercice
de mon métier d'hydrogéologue. Je constate avec intérêt
qu'ils savent de mieux en mieux conseiller et faire mettre
en œuvre de "bonnes pratiques" à l'intérieur de leur "bulle"
professionnelle. Je déplore toutefois qu'ils ne comprennent
pas que le système de production de l'agriculture
industrielle est par lui-même créateur de
nuisances importantes, créateur de pollutions
importantes et généralisées des eaux souterraines.
Au-delà d'eux, je souhaite mieux connaître les agriculteurs
de la Plaine de la Valdaine et j'espère les rencontrer
prochainement. Je les sais soumis aux implacables et
terribles diktats du marché mondial des semences.
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J'ai essuyé au fil de mes articles quelques critiques isolées mais
violentes émises par un petit nombre d'habitants. Je me suis
vu accusé d'être un prêcheur dogmatique et même traité
d'"ayatollah". Que ces accusations sont éloignées de mes
aspirations! Que c'est mal me connaître de croire que je
m'adonne au prosélytisme. Ma position est pourtant très
simple à comprendre. Je suis horripilé par le refus de "voir
la réalité en face" et je lutte contre ce monde de "Bisounours"
qui nous entoure. S'il est indispensable de me situer, je me
vois plutôt comme un "Lanceur d'alerte". Et j'espère
sans cesse que l'un(e) ou l'autre des lecteurs découvre dans
mes articles quelques idées à cueillir, à analyser et à
faire germer. Je souhaite en outre que d'autres personnes
alimentent le débat et apportent leur contribution sur leur
vision de l'évolution actuelle du monde. |
1. UN MONDE DE BISOUNOURS
Nous devrions être tous heureux et épanouis à la lecture ou
à l'écoute de toutes les attentions bienveillantes et offres
alléchantes que nous promet la publicité sous toutes ses formes, à
la radio comme à la télévision, dans les magazines comme sur les
panneaux publics. Tout est bon, beau, agréable dans ce monde-là dans
lequel nous sommes invités à entrer, qui se montre merveilleux de
mille choses et respectueux de tous. Prenez l'exemple des publicités
qui vantent les voitures. Chaque nouveau modèle qui sort sur le
marché est paré de toutes les qualités. Il est silencieux,
confortable, sûr, économique, écologique même! et, cerise sur le
gâteau, il peut même s'acquérir aisément grâce à de multiples
facilités d'achat. L'on en courrait aussitôt chez le
concessionnaire.
Il n’y a pas que la publicité pour tenter de nous séduire.
Les plaquettes "luxueuses" des entreprises privées mais aussi des
établissements publics sont basées sur le même principe de
présentation d’un monde douillet, parfaitement maîtrisé, en harmonie
avec l'environnement. La communication des uns et des autres ne nous
montre et ne nous vante que des succès et des performances. Elle ne
nous promet que des jours meilleurs avec un confort encore plus
grand, grâce à de nouveaux aménagements, de nouvelles avancées de la
technologie, des innovations performantes.
Ce monde-là, facile, festif, tendre, comme ils le prétendent
tous, c’est le monde des "Bisounours".
Les Bisounours sont d’adorables oursons qui vivent
dans un monde merveilleux plein de tendresse et d’émotion !
Aussi, quand on dit "On n’est pas dans le monde des
bisounours", nouvelle expression à la mode sur le net, c’est
une façon de demander de regarder le monde réel en
face... http://genma.free.fr/spip.php?article247 |
Ce monde des "Bisounours", ce monde du faire semblant et du
paraître, du sourire de rigueur, est devenu une référence. Il sied à
un grand nombre mais il est combattu par d'autres, comme peuvent le
montrer ces quelques cas relevés dans la Presse:
Yann Arthus-Bertrand, le célèbre photographe du "Paris-Dakar" durant 10
ans, l’auteur du film "Home" qui présente la Planète-Terre "Vue
du ciel" depuis son hélicoptère et la trouve belle, bien
que polluée et abîmée, l'écologiste qui compense son bilan
carbone en plantant des arbres, reconnaît dans "Le Journal du
dimanche" du
28 mai : "Oui, je suis un Bisounours."
http://www.liberation.fr/terre/0101651756-du-vent-dans-les-pales
Fabrice Nicolino, journaliste éminent et auteur de livres très remarqués,
dénonce quant à lui cette attitude: "Je songe à tous ceux
qui, de plus ou moins bonne foi, défendent le mythe du
"développement durable", tous ces Bisounours du
funeste Grenelle de l’Environnement, tous ceux qui prient
pour que tout change, pourvu que rien ne bouge
réellement."
http://fabrice-nicolino.com/index.php
Flore Vasseur, la "wonderwoman"
fondatrice en 1998 d'un
cabinet de conseil en stratégie Internet
à New-York, Trendspotting, revenue en France
après le krach de la "bulle" des
starts-up, est devenue blogueuse, chroniqueuse,
écrivaine. Elle assiste régulièrement à la conférence
TED (Technology, Entertainment and Design).
Elle en écrit qu'elle n’est pas une colonie de
vacances pour Bisounours en mal de sensations fortes.
N.B.: La Conférence TED, fondée en 1984, se tient chaque année à
Monterey en Californie. Elle réunit certains des cerveaux
les plus brillants de la planète et vise à propager les
idées susceptibles de modifier positivement la suite
du monde. Elle est un peu la grand’messe des créateurs en
tout genre. http://blog.florevasseur.com/ |
Dans un Télérama de début août 2010, Alain Badiou
déplore celui (ou celle) "qui considère que le monde tel qu’il va
actuellement est excellent et qu’il doit continuer dans la même
voie". Effectivement, se mettre la tête dans le sable, imaginer que
tout est bleu, rose ou vert, est une position devenue intenable dans
ce monde en évolution accélérée et dangereuse qui chaque jour nous
jette à la figure son lot de désastres technologiques. Regarder la
réalité en face avec la conscience, même la plus infime, des ravages
actuels dus aux processus du système industriel semble l'attitude la
plus propice pour espérer une mise en œuvre de changements radicaux.
2. DES CONTINENTS D’ORDURES
Que trouvons-nous si nous choisissons de "regarder la
réalité en face" ? Nous constatons que nous avons tous de très
bonnes et très sérieuses raisons d'acheter tel vêtement à la mode ou
telle nouvelle télévision, de changer de voiture, de climatiser
notre habitation, d'aller à la mer, de voyager dans des pays
lointains, en un mot de consommer! Nous pouvons toutefois
aisément constater chaque jour de notre vie que:
Si ce que nous faisons individuellement paraît anodin et
sans conséquences, la somme de tout ce que nous faisons tous
ensemble est devenue catastrophique.
Nous assistons aujourd’hui aux dernières
convulsions d’un système voué au casse pipe. Nous sommes
au bout de la logique d’une croyance collective mesquine :
consommer, c’est vivre, c’est être libre. Avec elle, la
recherche du prix toujours plus bas est devenu projet de
société ; la défense du pouvoir d’achat le dernier combat
démocratique ; le ratio de 15% de rentabilité sur fonds propre
l’unique règle.
La crise actuelle met fin à la mascarade. C’est
tout un système, bâti sur l’American Way of life, qui
prend le mur. Bordés d’objets, nous sommes vides : seuls
et sans projet. Les produits technologiques sont le dernier
miroir aux alouettes.
http://blog.florevasseur.com/ |
Nous qui avons tant manqué de tout, il y a soixante ans,
sommes désormais submergés par tout. Le tas des innombrables objets que
nous avons achetés finit immanquablement en d'immenses tas d’ordures
visibles partout. Nous sommes en train de passer de plus en plus
rapidement de la belle Nature aux Montagnes d’ordures.
La revue Télérama a eu l'idée de faire appel cet été à des
photographes sensibilisés aux dégâts des activités humaines. Dans un
numéro de juillet 2010, l’article "ça
fait mourir les oiseaux" présente des photos d’albatros en
décomposition empoisonnés par des objets en plastique issus d’une
immense plaque de déchets située en plein Océan, photos réalisées par
Chris Jordan dans l’atoll de Midway, au N.W. des Iles Hawaï.
[http://www.telerama.fr/monde/objectif-terre-2-5-chris-jordan,58132.php] et
[http://ileslointaines.blogs.courrierinternational.com/archive/2009/09/11/midway-boire-et-fumer-peut-tuer-les-albatros.html].
D'après diverses sources d'information, [http://fr.wikipedia.org/wiki/Plaque_de_d%C3%A9chets_du_Pacifique_nord]
, la plaque de déchets du Pacifique Nord
présente une taille de 700.000 à 20.000.000 km² (France : 550.000 km²).
Elle est aussi connue sous le nom de "Soupe plastique" ou de "Septième
continent" ou encore de "Grande Zone d’ordures du Pacifique" (GPGP :
Great Pacific Garbage Patch) ou encore de "Vortex d’ordures".
Elle a été découverte par l’océanographe Charles Moore qui a
rapporté une concentration de 334.000 déchets par km² (variant de 32.000
à 1 million de pièces par km²) qui empoisonne les organismes marins car
ils forment en outre un substitut au zooplancton. De plus, depuis 60
ans, la biomasse colossale de plancton végétal aurait diminué de
40 %, ce qui est une invraisemblable folie écrit le journaliste, Fabrice
Nicolino, le 30/07/10. [http://fabrice-nicolino.com/index.php]
(à suivre)
Léon-Etienne
Cremille le 14 septembre 2010
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